Le vendredi 23 juin 2023, Prigojine, le très médiatique chef de la milice privée Wagner, jusqu’ici sous contrat avec l’armée russe, très active en Ukraine, et secondairement en Centrafrique et au Mali, a décidé de déclencher un coup d’Etat contre le président Poutine. Il est toujours en cours ce samedi 24 juin, avec les prises de contrôle, au moins partielles, de Rostov et Bielgorod, avec une marche annoncée des colonnes armées de Wagner vers Moscou. Le président Poutine a dénoncé dans son allocution du samedi 24 juin une trahison pure et simple.
Prigojine n’est pas du tout un ancien opposant démocrate ou libéral à Poutine, ou même à la guerre en Ukraine. Il ne dispose ainsi d’aucune forme de légitimité pour le faire. Jusqu’il y a fort peu, il était un soutien enthousiaste de Poutine et de la guerre en Ukraine – tragédie en cours depuis février 2022 -, critiquant au plus quelques dysfonctionnements dans l’approvisionnement en munitions des forces russes, ou des tactiques d’assaut sur le terrain, pas forcément à tort. Il est pour le moins étonnant qu’il se soit rendu compte subitement d’une forme de devoir civique lui imposant de se rebeller contre Poutine. Le moment est particulièrement suspect, celui de l’offensive ukrainienne massive contre les lignes russes.
Une révolte, en temps de guerre, contre son gouvernement, quoi que l’on en pense, relève de la trahison pure et simple. Depuis quelques jours, Prigojine avait multiplié les discours défaitistes, affirmant que la Russie était en train de perdre la guerre en Ukraine, et une guerre inutile et illégitime. Or, s’il est vrai la propagande de guerre est assez délirante à Moscou -avec un péril « néonazi » peu crédible sous un président Zelensky juif -, tout comme son symétrique à Kiev et dans l’OTAN, la Russie défend ses intérêts nationaux vitaux en Ukraine ; si l’armée russe a rencontré des difficultés très significatives dans sa guerre, subi des pertes, elle n’était pas en train de s’effondrer pour autant en ce mois de juin 2023, et a jusqu’ici remarquablement résisté à l’offensive ukrainienne en cours dans la région de Zaporijjia.
Ainsi, il faut donc considérer la tentative de coup d’Etat de Prigojine comme une opération de déstabilisation de la CIA, destinée à semer la zizanie en Russie, et provoquer par voie de conséquence l’effondrement des lignes russes en Ukraine. Si l’arrière était désorganisé, la logistique en nourriture et munitions n’arriverait plus, et l’armée russe ne pourrait plus se défendre. Il est probable que la tentative de Prigojine échouera, mais cet épisode rappelle à quel point les Etats-Unis sont prêts à tout pour imposer leur hégémonie, même à recourir à des individus discutables – et dénoncé hier à Washington comme « criminel de guerre » en Ukraine !
Ces intrigues occultes dangereuses rappellent à quel point il faut quitter l’OTAN, comme le demande le programme du Parti de la France.
Scipion de Salm – Membre du Bureau politique du Parti de la France
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