Notre patrimoine sacrifié : quand la culture délaisse l’héritage historique

30 Jan 2025 | Non classé | 0 commentaires

Il y a déjà un certain temps, pour ne pas dire un temps certain, Maurice Barrès alertait sur la grande pitié des églises de France. C’est aujourd’hui toujours et plus que jamais d’actualité, Notre-Dame de Paris s’est révélée être l’arbre qui cache la forêt quand nombre, non seulement de cathédrales, mais aussi d’églises paroissiales ou de chapelles, sont prêtes à s’écrouler quand elles ne sont pas purement et simplement détruites « par mesure de sécurité » ; le cas de l’église Saint Jacques d’Abbeville avait fait polémique il y a une dizaine d’années mais c’est aujourd’hui loin d’être un cas isolé.

En dehors du patrimoine religieux, nombre de demeures, de l’imposant château à la modeste maison paysanne, sont dans un état très préoccupant. Sans parler des fontaines, moulins, colombiers, manufactures, ponts, bornes routières, mobilier urbain ou que sais-je encore. Nos joyaux du paysage se meurent dans un silence de mort et dans l’indifférence des organismes publics sensés les protéger. Il existe bien des initiatives publiques comme le loto de « Mission patrimoine » mais c’est une aspirine donnée à un mourant. Le gros du travail de préservation est entrepris par le maillage associatif dans nos villages ou dans nos quartiers, à grands coups de brocantes, ventes de gâteaux ou thés dansants.

Le budget du Ministère de la Culture (hors audiovisuel public) est de 4,45 milliards d’euros, sur cette somme seulement 1,2 milliard est alloué à la protection du patrimoine. Le reste part en grande partie dans la « création artistique ».

Bien sûr que la culture ne peut être figée et qu’il y aura toujours une création foisonnante dans tous les domaines : beaux arts, littérature, musique, spectacle, cinéma… Mais si on imagine que le soutien à la création artistique en France s’apparente au mécénat des Médicis, on se trompe ; ils sont loin les Vinci les Botticelli ou les Michel-Ange. Non pas qu’il n’y ait plus de bons artistes mais ceux-ci travaillent souvent dans l’indifférence des DRAC et des expositions subventionnées qui, à défaut de choisir le beau, le bien et le vrai ou même d’agir avec une neutralité de goût, préfèrent soutenir le laid et le banal.

Nos musées des beaux-arts sont remplis de gribouillages ou de « concepts » dont on a fait le tour plusieurs fois. Si l’urinoir de Duchamp avait, à sa création, le mérite d’être jamais vu (qu’on aime ou non), il faut bien avouer qu’on a usé le concept, tout comme cette mode de monter des opéras ou des tragédies classiques dans des habits contemporains du quotidien, pour « montrer l’intemporalité du propos » quand on a vu Britannicus ou Antigone en blue-jeans une fois, pourquoi pas, mais au-delà c’est de la redite et de la paresse intellectuelle.

Pour beaucoup de cultureux qui souillent le beau mot de culture, l’art doit surtout choquer, qu’il s’agisse d’expositions réellement bêtes et méchantes comme « Piss Christ », pensée uniquement pour heurter les convictions religieuses des chrétiens (ceux-ci ne risquent pas de se venger en décapitant des gens) ou de pseudo-rebellions convenues comme des tags « Merde au F-Haine » dont les auteurs se voient sans doute comme des artistes courageux et novateurs. Pendant ce temps-là de vrais artistes qui gagneraient à être connus restent dans l’ombre.

L’idée n’est pas ici d’entrer dans un débat sur l’art subventionné, à savoir s’il est meilleur ou non que celui des artistes pleinement indépendants, il y a eu de grands artistes misérables persécutés qui vivaient sous les toits en se nourrissant d’un camembert les jours fastes tout comme il y a eu dans l’Histoire de grands peintres de cour ou des ménestrels chantant les louanges de leur seigneur, mais force est de constater que Jean-Michel Ribes n’est pas Racine. La nouveauté de notre époque réside dans le fait que les artistes les plus subventionnés et les plus promus jouent les rebelles.

1 milliard de nos deniers alloués aux draceux ou aux habitués des biennales d’art contemporain et du Festival d’Avignon soulagerait un peu nos monuments qui font le prestige de nos paysages. Le Parti de la France est favorable à la création d’un grand ministère du patrimoine qui poursuivrait l’œuvre de préservation du patrimoine de Prosper Mérimée plutôt que les inepties de Jack Lang et de sa camarilla.

Iannis Moriaud – Membre du Bureau politique du Parti de la France

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