Une crèche incendiée dans une église : c’est forcément « la bêtise et l’ignorance »…

8 Jan 2017 | Revue-de-Presse | 0 commentaires

La crèche de la cathédrale de Saint-Étienne (Loire) a été détruite vendredi 6 janvier, jour de l’Épiphanie, par un incendie volontaire. Le feu aurait été mis à la paille par une ou plusieurs personnes. Jusqu’à présent, l’on comptabilisait les voitures brûlées le soir de la Saint-Sylvestre – tradition désormais bien établie en France. Devrons-nous, désormais, ajouter l’incendie des crèches des églises à la liste de ces coutumes festives de fin et de début d’année dans notre pays ? En effet, le 8 décembre 2016, jour de l’Immaculée Conception, c’était la crèche de l’église Notre-Dame de Metz qui était incendiée, rappelons-le.

our l’instant, on ne sait rien sur les auteurs de ce délit puisqu’il n’a été procédé à aucune interpellation. On ne sait rien mais le maire LR de la ville sait déjà beaucoup de choses : « Nous devons nous interroger collectivement sur le sens de ce type de méfait où la bêtise le dispute à l’ignorance de ces auteurs. » Donc, M. le maire sait que, derrière cet acte, il y a la bêtise et l’ignorance. Forcément.

À titre de comparaison, lorsque le 26 décembre dernier des tags antisémites avaient été découverts sur les murs de l’école Anne-Frank de Montreuil, pas à un seul instant l’hypothèse n’avait été émise que ces graffitis pussent être l’œuvre de la bêtise et de l’ignorance. Forcément.

À Saint-Étienne, acte antichrétien ? On n’en sait rien, mais cela semble d’ores et déjà impensable. Tout au plus le maire parle d’une profanation, mais en prenant toutes les précautions oratoires qui s’imposent : « Comme toute profanation de tout lieu de culte et quel qu’il soit, cet acte est inadmissible. » Et, évidemment, en atténuant immédiatement son propos par l’évocation de la bêtise et l’ignorance.

Les grandes orgues de l’indignation ne déploient par leur faste comme cela, aujourd’hui, en France. Autrefois, il y avait les enterrements de 1e, 2e et jusqu’à la 6e classe. Aujourd’hui, c’est un peu pareil pour l’indignation. Une église catholique profanée, pour avoir droit à la première classe, c’est-à-dire aux tweets, communiqués d’un ou plusieurs ministres, voire du premier d’entre eux, il faut y mettre le paquet, le flagrant délit est requis. Je ne vous parle même pas du supplément, le nec plus ultra, je veux parler du déplacement in situ, toutes affaires cessantes, d’un ou plusieurs ministres. Le gros bourdon des valeurs de la République ne se met pas en branle comme ça non plus – qu’est-ce que vous croyez ! – pour faire entendre ces mots qui, à force, c’est vrai, sonnent tout de même un peu creux : « inqualifiable », « abject », « odieux », « intolérable », « acte qui ne restera pas impuni »… Tous ces fastes sont réservés aux œuvres et pompes de la bête immonde, pas de la bêtise.

Du reste, ne perdez pas votre temps à aller voir ce que le ministre de l’Intérieur, chargé des Cultes, aurait pu tweeter pour cette malheureuse affaire de crèche. Je l’ai fait pour vous. Rien. Si – ironie d’un soir et du sort : un tweet posté vendredi à 17 h 00, à peu près à l’heure où a été commis l’incendie, pour évoquer les vœux de François Hollande aux autorités religieuses.

Le communiqué de l’évêque du lieu, Dieu merci, « ouvre le champ des possibles », comme on dit parfois dans le jargon jargonnant : « Laissons la police faire son enquête afin qu’elle définisse s’il s’agit d’une bêtise d’adolescent ou d’un acte de malveillance. » La malveillance d’un adolescent est possible aussi, tout comme la bêtise d’un vieux. Mais bon, mettons…

En tout cas, un mot semble exclu à Saint-Étienne : christianophobie.

Georges Michel

Source : http://www.bvoltaire.fr

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