Huit personnes ont été tuées et onze autres blessées par le conducteur d’une camionnette, mardi 31 octobre dans l’après-midi à Manhattan, dans ce que le maire de New York, Bill de Blasio, a qualifié d’« acte terroriste ».o
Des enquêteurs inspectent la camionnette abandonnée par l’attaquant après que plusieurs personnes ont été tuées, mardi 31 octobre, à New York. / BEBETO MATTHEWS / AP
L’attaque a eu lieu alors que la ville et l’ensemble du pays s’apprêtaient à célébrer Halloween. La 44e parade prévue pour l’occasion à quelques pâtés de maisons plus au nord a d’ailleurs été maintenue avec des mesures renforcées de sécurité. Le président, Donald Trump, a en outre ordonné un renforcement du contrôle des étrangers voulant entrer aux Etats-Unis.
- Que s’est-il passé ?
Vers 15 heures, heure locale, un homme à bord d’une camionnette blanche (louée à une grande enseigne de bricolage) s’engage à contresens sur une piste cyclable du sud de Manhattan et y reste sur près d’un kilomètre. Il percute plusieurs personnes et un bus scolaire où se trouvaient deux adultes et deux enfants. Le conducteur sort alors du véhicule en possession de deux armes factices, hurlant « Allahou akbar » (Dieu est grand, en arabe).
Des policiers lui tirent dessus pour l’arrêter. L’homme est touché à l’abdomen. Il serait dans un état critique après avoir été opéré.
Le bus scolaire touché par l’attaque à la camionnette, mardi 31 octobre, à New York. / MARK LENNINHAN / AP
- Quel est le bilan de l’attaque ?
Six personnes sont mortes sur les lieux, et deux autres à l’hôpital, a précisé le chef des pompiers de New York, James Leonard. Onze autres ont été gravement blessées mais elles ne sont pas en danger de mort, a-t-il ajouté.
Cinq Argentins font partie des tués. Les victimes, originaires de Rosario, « formaient un groupe d’amis qui fêtaient le 30e anniversaire de la fin de leurs études à l’Ecole polytechnique », a précisé le ministère des affaires étrangères argentin dans un communiqué. Une ressortissante belge est également morte ; elle visitait New York avec sa sœur et sa mère, a précisé le ministre des affaires étrangères belge, Didier Reynders.
- Que sait-on du suspect ?
La police américaine n’a pas, à ce stade, communiqué d’informations détaillées sur le suspect de l’attaque à la voiture bélier qui a fait 8 morts à New York mardi 31 octobre. Tout juste, les autorités ont-elles confirmé son âge : 29 ans.
La société la plate-forme américaine de voitures avec chauffeur (VTC) Uber a, quant à elle, expliqué, dans un communiqué, que le suspect a travaillé pour elle pendant au moins six mois, réalisant plus de 1 400 courses.
our le reste, la presse américaine, s’appuyant sur des sources anonymes, assure que le suspect est un Ouzbek arrivé aux Etats-Unis en 2010.
Il aurait d’abord vécu dans l’Ohio, état industriel de l’est du pays. A Cincinnati, une famille originaire comme lui d’Ouzbekistan, l’aurait alors accueilli. Il a été décrit comme quelqu’un de calme et travailleur par un membre de cette famille, cité par le Cincinnati Enquirer .
Le New York Times, citant également la famille qui l’avait accueilli, précise qu’il a ensuite rejoint Fort Myers, en Floride, et qu’il a travaillé comme routier. Son permis de conduire est de Floride (il avait une adresse dans la ville de Tampa), mais il vivrait dans le New Jersey, à proximité de New York, selon plusieurs médias.
L’auteur désigné de l’attentat aurait également des liens avec le New Jersey, Etat jouxtant la ville de New York. C’est là qu’il aurait loué la camionnette utilisée pour l’attaque.
Capture d’écran vidéo montrant le suspect courant dans la rue après l’attaque, à New York, le 31 octobre. / TAWHID KABIR / AP
Aucun autre suspect ne serait actuellement en fuite. James O’Neill, le chef de la police de New York, a expliqué lors d’une conférence de presse que les mots prononcés par le suspect à sa sortie du véhicule et la méthode utilisée laissaient penser à une attaque terroriste.
Sous couvert d’anonymat, deux membres des forces de l’ordre ont confié à l’agence de presse Associated Press qu’une note manuscrite avait été retrouvée à l’intérieur du véhicule. Selon CNN et le New York Times, le suspect s’y réclame de l’organisation Etat islamique.
- Premières réactions
« C’est un jour très douloureux pour notre ville », a déclaré M. De Blasio lors d’une conférence de presse. « Il s’agit d’un acte de terreur et un acte de terreur particulièrement lâche visant des civils innocents », a-t-il ajouté.
« New York est un symbole international de liberté et de démocratie, a commenté le gouverneur de l’Etat de New York, Andrew Cuomo. Cela fait aussi de nous une cible pour ceux qui s’opposent à ces concepts. »
« Nos pensées et nos prières vont à ceux touchés » par cet attentat, a dit la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders. Donald Trump, informé des faits, a réagi sur Twitter : « Ça ressemble à une nouvelle attaque commise par une personne malade et dérangée. Les forces de l’ordre surveillent ça de près. Pas aux USA !! »
L’attaque n’a pour l’instant pas été revendiquée, mais dans un autre tweet le président américain a mis en cause l’EI : « Nous ne devons pas laisser ISIS [nom américain donné au groupe terroriste]revenir, ou entrer dans notre pays après les avoir vaincus au Moyen-Orient et ailleurs. Assez ! »
Dans la soirée de mardi, M. Trump a par ailleurs ordonné un renforcement du programme de contrôle des étrangers voulant entrer aux Etats-Unis. « Etre politiquement correct, c’est bien mais pas pour ça ! », a-t-il justifié.
De l’autre côté du pays, une minute de silence a été observée par les 55 000 spectateurs du sixième match des World Series à Los Angeles. La finale du championnat américain de base-ball entre les Dodgers et les Astros de Houston, événement sportif majeur aux Etats-Unis, a été suivie par plus de 15 millions de téléspectateurs.
- Une attaque à proximité du World Trade Center, symbole du terrorisme à New York
Le 11 septembre 2001 reste l’attentat le plus meurtrier jamais commis sur le sol américain (2 996 morts) ; il avait touché notamment les deux plus hautes tours du World Trade Center, dans le sud de Manhattan, à 500 mètres de l’attaque de mardi.
Quatre ans plus tôt, un Palestinien avait ouvert le feu sur le toit du World Trade Center tuant une personne avant de se suicider. Enfin, en 1993, une attaque au camion piégé dans le parking du World Trade Center avait fait six morts.
lus récemment, la dernière alerte de ce type à New York remonte au 22 mai, lorsqu’un ancien militaire avait lancé sa voiture à toute allure sur un trottoir de Times Square, tuant une jeune femme et blessant 22 autres personnes. L’enquête avait montré que l’homme souffrait de troubles mentaux. Times Square, haut lieu touristique de Big Apple, avait déjà été visé par un attentat avorté en 2010.
La dernière attaque djihadiste à New York date du 17 septembre 2016, lorsqu’un jeune Américain d’origine afghane, Ahmad Rahimi, a posé deux bombes dans le quartier huppé de Chelsea. Une seule a explosé, faisant une trentaine de blessés légers. Rahimi, qui avait également posé des bombes dans le New Jersey, a été récemment reconnu coupable par un jury populaire à l’issue d’un procès de deux semaines
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