CONNEXION. La lettre argumentaire PDF, rédigée par Jean-François Touzé et Franck Timmermans.
Comment sauver le système des retraites par répartition ? Pour la énième fois depuis trente ans, la question revient en débat, sempiternellement renvoyée de gouvernement en gouvernement à la responsabilité des suivants afin d’éviter de trop fortes vagues sur un océan social quadrillé par les syndicats politisés. Encore une minute, Monsieur le bourreau… Confiée à Jean-Paul Delevoye, ancien sénateur RPR du Nord avant de devenir médiateur de la République puis Président du très inutile Conseil Économique Social et Environnemental, nommé dès le début du quinquennat Haut commissaire pour bons et loyaux services pendant la campagne présidentielle aux côtés du candidat élu, la mission de réfléchir à une réforme durable du système des pensions touche à sa fin. De nombreuses pistes ont été évoquées, de la retraite à points dont la valeur serait ajustée chaque année, ce qui rendrait totalement aléatoire toute perspective de calcul du niveau futur de pension, au bonus/malus permettant de travailler plus longtemps, toutes plus fumeuses, incertaines et sans portée durable, les unes que les autres. Depuis une semaine, nous assistons au retour de l’allongement de la durée de travail et du recul de l’âge légal de départ à la retraite que Macron, lors de sa campagne présidentielle écartait à toute force, piste évoquée par le ministre de la santé Agnès Buzyn dans le Journal du Dimanche, puis démentie par elle deux jours plus tard à l’Assemblée nationale avant d’être relancée par le ministre des comptes publics, Gérard Darmanin, et le Porte-parole du Gouvernement, Benjamin Griveaux eux-mêmes contredits par Jean-Paul Delevoye qui affirmait en milieu de semaine que l’âge légal resterait 62 ans. La vérité est que dans ce régime en voie de liquéfaction, chacun se croit autorisé à donner son avis, sans qu’aucune vision d’ensemble ne soit imposée. Il n’y a pas que dans le domaine du maintien de l’ordre face aux exactions gauchistes que le pouvoir est impuissant. Pour le Parti de la France, le recul de l’âge légal de départ à la retraite est une nécessité pour trois raisons :
- Sans recul à 65 ans, l’état préoccupant de notre démographie, la situation de l’emploi, l’atonie de la croissance et le vieillissement de notre population ne permettront pas d’assurer demain les versements des pensions de ceux qui travaillent aujourd’hui. Déjà, alors que le nombre de retraités a été multiplié par 5 en cinquante ans, le niveau des retraites par rapport au PIB atteint 13,4 % et la charge en dépenses sociales se situent aux alentours de 310 milliards.
- Sans recul à 65 ans, la dépendance et la solidarité à l’endroit de nos aînés délaissés ou démunis ne sauraient être financées.
- Sans recul à 65 ans, il n’y aura pas d’alignement des systèmes de retraite ni de suppression des régimes spéciaux.
L’allongement de l’espérance de vie tout autant que l’amélioration des conditions de travail rendent cette mesure physiquement possible et socialement acceptable par tous, à condition d’avoir le courage de résister au chantage syndical. Un écueil toutefois : une telle mesure pour être efficace et universelle suppose que soit résolue la question de l’emploi des seniors dans un contexte de chômage de masse. Reste enfin, alors que le gouvernement reste indifférent à l’attente des Français d’une réindexation générale des retraites et de leur revalorisation, la question cruciale qui relève du devoir d’État : permettre à chaque Français de vivre décemment et dignement ses vieux jours. Nous sommes bien loin du compte.
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