Remaniement: comment François Hollande a fait place nette pour 2017

14 Fév 2016 | Revue-de-Presse | 0 commentaires

Remaniement. Intervention solennelle à la télévision. Hier, à 14 mois de l’élection présidentielle, s’est ouverte la dernière séquence du quinquennat. Mais quelle est donc la stratégie de François Hollande?
Tout au long de son interview, qui s’est déroulée selon le rite d’un président monarque et pas « normal », depuis l’Elysée, le chef de l’Etat n’a cessé de répéter le mot agir. « C’est un gouvernement qui doit agir, qui doit réformer, qui doit avancer ». « Ce que j’ai à faire, c’est avancer ». Oui, mais pour aller où? Dans quelle direction? « La ligne? Prendre des décisions pour faire avancer le pays, faire des choix, cette ligne je la tiendrai. » Et il a conclu en disant qu’il ne s’occupait ni de 2017, ni de la primaire, qu’il ne faisait pas de calcul politique, que « pendant ces quatorze mois des réformes seront engagées », et que son unique préoccupation était de diriger le pays. Bien, mais encore.
Sur le fond peu de précisions. Une réforme du droit du travail confirmée, des baisses de charges pour les agriculteurs. Pour le reste rien de très nouveau. Assez sûr de lui, le chef de l’Etat, interrogé sur les meilleures performances de nos voisins, a écarté d’un geste ces comparaisons, non pertinentes à ses yeux. Il a fourni un indice concernant la réforme constitutionnelle. Déclarant qu’il ne voulait pas que la discussion s’éternise. En d’autres termes, si le Sénat vote un texte différent que celui approuvé par l’Assemblée, la réforme sera abandonnée? Mystère. Son intervention ne nous éclaire pas vraiment. Alors essayons de décrypter le remaniement. Lui doit avoir un sens.
La priorité du chef de l’Etat, c’est la lutte contre le chômage. Et de ce côté là, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Pire, les deux ministres de Bercy, Michel Sapin et Emmanuel Macron, envoient des signaux contradictoires. Le premier est dans le commentaire satisfait, prudent et conservateur, le second dans la transgression, audacieux et réformateur. Il fallait peut-être trancher. Et en faveur du plus allant. Non. Le chef de l’Etat a juste un peu rétrogradé Emmanuel Macron. Une petite vexation pour les méchantes choses dites à l’encontre de la réforme constitutionnelle!
Autre secteur en difficulté: le logement. L’ère Duflot a considérablement déstabilisé ce secteur de l’économie. Il avait repris un peu de couleur avec Sylvia Pinel, qui avait demandé à quitter le gouvernement. Par qui la remplace-t-on? Par une personnalité qui rassure le secteur? Non par une autre écologiste qui risque fort de reproduire la situation cauchemardesque du début du quinquennat.
Le chef de l’Etat a beaucoup parlé de cohérence. Pourtant on voit arriver au gouvernement de nombreux élus qui s’étaient prononcés contre la déchéance de nationalité. Un sujet suffisamment grave pour qu’il motive le départ de Christiane Taubira. Pas grave, selon François Hollande qui défend la liberté de pensée des élus, mais affirme qu’au gouvernement, il faut être solidaire. Or, paf, le lendemain matin, à peine douze heures plus tard, au micro de France, Inter Emmanuelle Cosse répétait son hostilité à ce texte !
En revanche, quand on analyse la composition du gouvernement sous le prisme de 2017, alors là on comprend tout de suite beaucoup mieux l’utilité de ce remaniement. François Hollande a fait rentrer en masse des écologistes. Qu’importe qu’ils ne soient pas estampillés EELV. Cela ne peut qu’affaiblir encore un peu plus ce mouvement à l’agonie. Et rendre un peu plus compliquée une éventuelle candidature Duflot. Idem avec les radicaux, très bien servis. Et pourquoi Jean-Marc Ayrault au Quai? L’Elysée avait laissé entendre que le talentueux Matthias Fekl pourrait être promu. Cela aurait été une bonne chose. Les Français réclament du renouveau. Lui aussi parle allemand. Et il a commencé à se roder, à l’ombre de Fabius. Eh bien, il fallait empêcher l’ancien Premier ministre de déverser son amertume et son fiel dans les rangs socialistes. Voilà une chose claire: place nette a été faite pour 2017.
Et le chef de l’Etat a enrobé cette opération d’un discours volontariste amphigourique. Comme le disait le titre d’un livre récent sur François Hollande : « cela tiendra bien jusqu’en 2017. »
Ghislaine Ottenheimer
source Challenges

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