L’attaque abjecte de Nice a plongé la France une nouvelle fois dans le deuil, alors qu’elle avait été déjà durement frappée au cours des 18 derniers mois. Face à cette violence indiscriminée, touchant des femmes, des hommes, des enfants, de toutes origines et confessions, l’incompréhension et la peur dominent légitimement les émotions de nombre d’entre nous. Mais ces sentiments sont aussi les pires conseillers pour trouver une réponse adaptée à ces actes d’une violence extrême.
Une grande majorité des responsables politiques privilégie leur volonté d’occuper l’espace médiatique au détriment d’un temps de réflexion nécessaire, à la hauteur de la situation. Ainsi, l’état d’urgence, assorti d’une batterie de nouvelles mesures antiterroristes, vient d’être prolongé pour 6 mois, le 20 juillet, après moins de 48 heures de débat parlementaire.
Le 3 juin dernier était pourtant entrée en vigueur la dernière loi antiterroriste, présentée comme la voie de sortie de l’état d’urgence. Cette loi renforçait déjà les pouvoirs des autorités administratives et des forces de l’ordre au détriment du pouvoir judiciaire, et devait mettre un terme au régime d’exception en transposant certaines mesures dans notre droit commun. Comment le Parlement français peut-il justifier à nouveau le recours à l’état d’urgence, par définition temporaire, alors qu’il affirmait quelques semaines plus tôt qu’avec l’adoption de cette loi de sortie de l’état d’exception, notre arsenal législatif était suffisant pour prévenir et poursuivre les actes de terrorisme ? Prolonger l’état d’urgence, c’est oublier que ce régime d’exception, en vigueur depuis 8 mois, n’a pas démontré son efficacité pour empêcher les attaques alors qu’il a eu des conséquences particulièrement néfastes sur l’État de droit. Il est pourtant de la responsabilité de notre gouvernement de démontrer la nécessité de l’état d’urgence avant de demander sa prolongation. Dès janvier 2016, Jean-Jacques Urvoas, alors président de la mission de (…) Lire la suite sur lemonde.fr
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