« Est-ce que c’est la hiérarchie intermédiaire qui n’a pas envie de prendre de risques (et qui interdit les courses-poursuites) ? Ou bien est-ce que cela vient réellement du Ministre ? ». C’est la question centrale qu’un policier, travaillant en région parisienne, a posée à RTL ce mardi matin, à l’attention du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.
Car le sujet est régulièrement remis au centre des débats. Lorsque des policiers annoncent par radio à leur station directrice, qu’ils « prennent en charge » un véhicule en fuite (en clair, qu’ils se lancent dans une course-poursuite, ndlr), les autorités leur intiment dans une grande majorité des situations, l’ordre de stopper immédiatement leur initiative.
Les policiers s’interrogent
Des rappels sur ce sujet ont été émis par la préfecture de Police depuis l’intervention du 14 août raconte cette même radio. Une intervention où un policier a neutralisé mortellement un fuyard, rue Condorcet dans le IXème arrondissement de Paris, à l’issue d’une course-poursuite. Les policiers s’interrogent sur leurs conditions d’intervention sur la voie publique.
Ce mardi, au micro de RTL, un fonctionnaire de police affecté en brigade de nuit parisienne a osé interpeller Christophe Castaner : « Le ministre a-t-il conscience que chaque nuit des personnes prennent la fuite et qu’on ne les poursuit pas ? Est-ce que c’est la hiérarchie intermédiaire qui n’a pas envie de prendre de risques ou est-ce que ça vient du ministre ? »
Interrogée par RTL, la Préfecture de Police de Paris a réfuté tout systématisme dans l’abandon des prises en charge.
Un « double langage »
Une réponse qui ne convainc pas plusieurs policiers affectés en région parisienne, que nous avons interrogés. Certains se plaignent d’une « politique de double langage ».
Selon l’un des fonctionnaires affecté dans une Brigade anti-criminalité (BAC) de Seine-Saint-Denis que nous avons questionné à ce sujet, nombreux sont ses collègues qui font face à des instructions de cesser leur « prise en charge », en grande majorité la journée.
ourtant il s’agit dans une large partie des cas, d’individus à bord de voiture ou de deux roues volés, ou encore qui viennent de commettre un délit.
« La plupart des délinquants savent comment ça se passe »
Certains nous expliquent par ailleurs tenter d’abord de stopper le ou les fuyards dans les premières minutes, avant de faire appel à des renforts par l’intermédiaire des « ondes police ».
« Le risque c’est de recevoir une réponse négative à notre demande et d’avoir l’ordre de cesser notre prise en charge en cours ! » nous explique l’un d’entre-eux, qui évoque de la « frustration ». Une situation que ce policier dénonce, car dans ce cas précis, en cas de problème, la faute leur incombera totalement, explique-t-il.
« La plupart des délinquants savent comme ça se passe et n’hésitent jamais à prendre la fuite à toute vitesse en espérant que la chasse soit rapidement stoppée » nous a raconté ce même fonctionnaire.
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