Paris – Chartres : des milliers de jeunes en pèlerinage

23 Mai 2018 | Revue-de-Presse | 0 commentaires

De Paris à Chartres, ils ont été 13.000 à marcher cette année. La détermination de ces jeunes ne fait pas de bruit. Ils sont pourtant de plus en plus nombreux.

Eux aussi sont jeunes. Eux aussi sont radicaux. Mais d’eux, personne ne parle. 

Ils étaient plus de 13.000 catholiques cette année, à marcher de Paris à Chartres à l’invitation de la traditionnaliste association Notre-Dame de Chrétienté. Comme chaque année depuis 36 ans, cette fois-ci sous le patronage de saint Joseph. S’ils choisissent de venir et de revenir, ce n’est pas d’abord pour les dizaines d’ampoules, les tendinites, les cheveux gras, les nuits sous la tente ou le lever de 5h du matin. Les explications varient : « pour faire une pause », « me recentrer sur l’essentiel », « prier », « réfléchir au sens de ma vie »,  « rendre grâce à Dieu ». Et pourquoi donc s’infliger plus de 100 kilomètres en trois jours ? « Jésus a donné sa vie sur une Croix, après d’atroces souffrances, par amour pour nous. On peut bien offrir quelques ampoules, se dépasser un peu et transformer en prières quelques petites souffrances », tranche une jeune fille aussi souriante qu’épuisée.

Les réponses étonnent toujours au cœur d’une France déchristianisée dans laquelle la jeunesse inquiète, mais n’ont rien de bien original dans un pèlerinage. Même le trajet, si cher au cœur de Charles Péguy, est emprunté par des milliers d’autres catholiques tout le reste de l’année. Sauf qu’à la Pentecôte, la messe y est dite en latin. A l’ancienne. Un pèlerin tient immédiatement à rassurer les plus inquiets du pays : les prêches, eux, sont en français ! Blague à part, le latin reste un choix qui pourrait sembler un tantinet anachronique. Les très nombreux pèlerins y sont plus ou moins habitués, mais aucun d’entre eux ne semble pourtant gêné. Un tout jeune (décidément !) prêtre tient à expliquer ce choix : « c’est une langue liturgique, universelle, qui est aussi une manière de signifier à qui suit la messe qu’il n’est ni au bistro, ni à l’école, ni à la maison. Il se passe quelque chose d’autre, d’exceptionnel, Dieu descend sur l’autel, et cela mérite bien une langue différente, unique, dédiée. » Les carnets sont là pour aider à suivre, ce que tout le monde fait dans un silence religieux. Fait rare dans une foule, a fortiori lorsqu’elle est jeune.

 
2018-05-22%2018.57.58.jpg Photo © Notre-Dame de Chrétienté 

 

Et ils repartent, inlassablement, de kilomètre en kilomètre. Et ils en redemandent. L’association était fière d’annoncer, cette année encore, 10% de pèlerins en plus et une moyenne d’âge de… 21 ans !
Le Cardinal Sarah appelle les pèlerins à retourner « à la source, dans les monastères » 

Ils ne cassent rien, ils ne salissent rien. Mais dans le doute, des bénévoles passent derrière eux pour ramasser un papier qui traînerait. Ils plient leurs tentes à 5 heures du matin, et trouvent le moyen d’aider à ranger le bivouac forcément géant. Ils sont épuisés, et n’hésitent pas à tendre le bras au voisin qui l’est plus encore. 

Ils revendiquent n’être « pas du monde » et passent leur journée à prier pour ceux qui l’habitent. Ils saluent et remercient le colonel Beltrame, trouvant malgré tout la force de prier pour leurs ennemis. Ils prient et prient encore. Pour « la France », « les victimes du terrorisme », « les chrétiens d’Orient », « les personnes malheureuses », « ma famille », « mes amis », « nos dirigeants », « l’Eglise »… et même « les journalistes » ! Ils prient pour ceux qu’ils aiment, ou pour ce qui les inquiète. Parce qu’ils ne sont pas tellement différents des autres : l’avenir est pour eux aussi bourré de questions. « A ceci près que nous avons l’espérance »,répètent-ils tous sans concertation.

 
2018-05-22%2018.58.05.jpg Photo © Notre-Dame de Chrétienté

 

Et c’est justement sur cette particularité que le Cardinal Robert Sarah, qui célébrait la messe de clôture du pèlerinage, a choisi d’insister. « Nous devons clamer au monde que notre espérance a un nom : Jésus Christ, unique sauveur du monde et de l’humanité », a-t-il martelé à cette jeunesse française. Lui aussi a repris les mots du pape Jean-Paul II qui disait, des années plus tôt dans ce même pays : « n’ayez pas peur ». Le Cardinal guinéen, connu pour son franc-parler, a interpellé l’Occident sur ses racines, appelant ses peuples à retourner « à la source, dans les monastères ». 
Être radical, au sens premier du terme

Son homélie ressemblait bien plus au cri d’un pasteur inquiet qu’à l’appel d’un gourou prosélyte. En face du relativisme, il n’a cessé d’évoquer « la Vérité ». Aux jeunes qui l’écoutaient, il a donné le secret de sa détermination : «  Si je vous parle ainsi c’est parce que dans mon cœur de prêtre et de pasteur, je ressens de la compassion pour tant d’âmes égarées, perdues, tristes, inquiètes et seules. » L’appel à ces jeunes catholiques massés et attentifs a été détonnant, mais clair : « vos patries ont soif du Christ, ne les décevez pas ».

Dieu ou rien, a-t-il finalement enseigné aux pèlerins français. Une certitude dont il avait fait le titre de son premier livre écrit avec Nicolas Diat. Un ouvrage dans lequel il revenait sur sa vie exceptionnelle, entamée dans un petit village de Guinée-Conakry. Texte dans lequel il livrait son « immense admiration » et sa fidèle reconnaissance pour les missionnaires qui avaient quitté la France pour « porter leur amour de Dieu aux confins du monde ». 70 ans plus tard, c’est lui qui interpellait la France, la suppliant de revenir à ses racines. D’être radicale, au sens premier du terme.

source: valeurs actuelles.com

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