Le nouveau ministre de l’intérieur, Bruno Le Roux, s’est félicité, dimanche 1er janvier, du bilan de la nuit de la Saint-Sylvestre qui « s’est déroulée sans incident majeur ». Un indicateur habituel – et controversé – est celui du nombre de véhicules brûlés. Pour éviter l’effet supposé de concours entre les quartiers, les ministres de l’intérieur de Nicolas Sarkozy avaient cessé en 2010 de donner ce chiffre au lendemain du réveillon.
Le 1er janvier 2013, Manuel Valls avait repris sa publication, suivi ensuite par Bernard Cazeneuve. Mais, pour le dernier Nouvel An du quinquennat Hollande, Bruno Le Roux a décidé de changer d’indicateur. Pour empêcher les comparaisons peu flatteuses ?
Ce qu’il a écrit Dans son communiqué publié dimanche, le ministre de l’intérieur assure :
« Cette année encore, le bilan des véhicules brûlés démontre qu’aussi intolérable soit-il, le phénomène est contenu par rapport à 2016, avec 650 mises à feu directes, là où elles étaient 602 l’an passé. Sur les cinq dernières années, le nombre de véhicules brûlés a diminué de 20 %. »
Pourquoi c’est trompeur On peut déjà noter que, selon les chiffres donnés par le ministre, les « mises à feu directes » ont augmenté de 8 % par rapport à la précédente nuit du Nouvel An, ce qui ne peut pas forcément être qualifié de « phénomène contenu ».
Mais surtout, M. Le Roux évoque donc les « mises à feu directes », c’est-à-dire les départs de feu, et non pas le nombre de véhicules brûlés – y compris ceux qui se sont enflammés par propagation. Or, depuis 2013, MM. Valls et Cazeneuve s’intéressaient, eux, au nombre total de véhicules brûlés (par ailleurs, leurs prédécesseurs ont toujours fait de même quand ils publiaient encore leur bilan).
M. Le Roux a brusquement changé de thermomètre. Non parce qu’il ignore le nombre total de véhicules détruits : il parle dans le communiqué de son évolution positive, – 20 %, mais « sur les cinq dernières années ».
Pourquoi ce changement d’indicateur ? Considérons les quatre (…)
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