Angela Merkel a défendu fermement jeudi sa politique d’accueil des étrangers en Allemagne après deux attaques attribuées ces derniers jours à des réfugiés.
La chancelière a écourté ses vacances pour tenir une conférence de presse à la mi-journée à Berlin après une série de quatre attaques au total qui ont fait 15 morts, dont quatre assaillants, et des dizaines de blessés depuis le 18 juillet.
Dans le nord de l’Allemagne depuis samedi, Angela Merkel avait jusqu’ici délégué à son ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière, le soin de répondre à ces accusations.
Face aux journalistes lui demandant pourquoi elle ne s’était pas rendue sur les lieux de chaque attaque, la dirigeante conservatrice est restée impassible. « J’ai le sentiment d’avoir agi avec responsabilité », a-t-elle répondu.
Munich a été la scène de l’attaque la plus sanglante, un adolescent germano-iranien ayant tué neuf personnes avant de se suicider. Angela Merkel a été critiquée sur les réseaux sociaux pour ne pas avoir réagi avant le lendemain, dix-sept heures après le président américain Barack Obama.
Selon les autorités, deux autres attaques commises en Allemagne sont le fait d’un demandeur d’asile syrien et d’un réfugié originaire d’Afghanistan ou du Pakistan, qui étaient tous deux liés au djihadisme.
Ces attaques ont dissipé les dernières illusions qui pouvaient laisser croire aux Allemands que leur pays était à l’abri de la violence islamiste.
De la gauche à la droite, de nombreux responsables politiques ont fustigé la politique d’accueil d’Angela Merkel qui a permis à plus d’un million de migrants et réfugiés d’entrer l’année dernière en Allemagne.
« LA PEUR NE PEUT PAS NOUS GUIDER »
« Toutes nos prédictions se sont révélées justes », a déclaré Horst Seehofer, ministre-président du Land de Bavière et opposant de longue date à la politique de la chancelière. « Le terrorisme islamique est arrivé en Allemagne », a-t-il encore dit, réclamant un durcissement des mesures de sécurité et des politiques d’immigration.
« La peur ne peut pas être un guide pour l’action politique », a répliqué jeudi la chancelière, dévoilant un plan en neuf points pour répondre aux attaques, y compris des mesures pour recruter davantage de gardes privés, et un système de signalisation précoce des personnes radicalisées.
Sur la question plus générale de l’accueil des migrants et réfugiés, Angela Merkel a répété son slogan « Wir Schaffen Das » (Nous pouvons le faire) qu’elle avait adopté l’été dernier quand l’Allemagne a ouvert ses frontières aux réfugiés fuyant les guerres du Moyen-Orient.
« Nous pouvons le faire et nous avons déjà fait beaucoup au cours des onze derniers mois », a-t-elle dit.
« Les terroristes veulent nous faire perdre de vue ce qui est important pour nous, briser notre cohésion et (…) notre volonté de prendre en charge des personnes qui en ont besoin », a-t-elle poursuivi. « Ils sèment la haine et la peur entre les cultures et la haine et la peur entre les religions. Nous nous y opposons fermement. »
Les critiques ne viennent pas que de la droite puisque des représentants du parti d’extrême gauche « Die Linke » dénoncent à leur tour la gestion d’Angela Merkel.
Sahra Wagenknecht a ainsi fustigé le credo « désinvolte » de la chancelière et de son « Wir Schaffen Das ».
« Les événements de ces derniers jours montrent que l’entrée et l’intégration d’un grand nombre de réfugiés et de migrants provoque de nombreux problèmes », a-t-elle poursuivi.
reuters
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