Une « pépinière pour les djihadistes ». C’est ainsi que le Centre international d’étude de la radicalisation et de la violence politique (ICSR), établi au King’s College à Londres, a qualifié les prisons européennes, qui sont autant de réservoirs de « jeunes hommes en colère » présentant, aux yeux des recruteurs, l’avantage d’être « rapidement prêts à l’emploi ».
L’institut a suivi le parcours de 79 djihadistes impliqués dans des actes terroristes ou qui se sont rendus à l’étranger pour combattre.
Les chiffres ne manquent pas d’inquiéter : 57 % des personnes radicalisées ont transité par la case prison et 27 % ont suivi la voie de la radicalisation au cours de leur incarcération. Ils ne font que confirmer ce que l’on supposait : les lieux de détention sont propices au développement de l’intégrisme.
L’étude souligne que l’émergence de l’État islamique a renforcé les liens entre terrorisme et criminalité.
our Peter Neumann, responsable de l’ICSR et coauteur du rapport, « le groupe État islamique représente la brutalité, la force et la puissance que recherchent ces jeunes, souvent d’anciens membres de gangs ».
Si l’analyse rejoint celle du politologue et spécialiste de l’islam Olivier Roy, selon lequel « le problème n’est pas tant la radicalisation de l’islam que l’islamisation de la radicalité », il importe d’y apporter quelque nuance indispensable à la bonne compréhension du phénomène.
our nombre de détenus, l’islam représente une planche de salut, un « moyen de rédemption », une manière de se « racheter » une pureté. Seulement, le processus ne signifie en rien un retour à la paix, mais une escalade vers le djihadisme. Combiné à la connaissance des armes, l’expérience sur le terrain et, dans certains cas, l’apprentissage de la guérilla, l’appel au religieux est explosif.
our les recruteurs, l’Europe est le nouveau terrain de jeu. C’est dans les ghettos européens, et non plus nécessairement dans les écoles coraniques, que les groupes terroristes recrutent désormais leurs troupes aguerries.
Le constat ne manque pas d’inquiéter. L’urgence est, aujourd’hui, à la surveillance accrue des prisons et à l’empêchement de toute tentative de radicalisation derrière les barreaux, car rien ne semble plus dangereux que des criminels fanatisés et prêts à mener le djihad dans nos villes.
Gregory Vanden Bruel
Source : http://www.bvoltaire.fr
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