Condamné à mort par la Cour militaire de justice, le lieutenant-colonel Jean Bastien-Thiry est fusillé au fort d’Ivry. Défenseur de l’Algérie française, il a organisé l’attentat du Petit-Clamart contre De Gaulle, le 22 août 1962. Son avocat s’est vu refusé par ce dernier la grâce présidentielle, qui a invoqué la raison d’Etat. Bastien-Thiry est le dernier citoyen français à être exécuté pour des motifs « politiques ».
Colonel Jean Bastien-Thirty.
À 6h40, au fort d’Ivry, le lieutenant-colonel Jean Bastien-Thiry tombe sous la salve d’un peloton d’exécution. Le prêtre qui l’a accompagné retire délicatement le chapelet que le supplicié tient encore entre ses doigts.
Auparavant, dans une cellule voisine de la sienne aménagée en chapelle, Jean Bastien-Thiry a servi la messe célébrée par l’aumônier. Au moment de la communion, il a partagé en deux l’hostie donnée par le prêtre, et a demandé à celui-ci d’en remettre une moitié à son épouse qui, de son côté, veille et prie auprès de son père (Georges Lamirand, ministre de la Jeunesse du Maréchal Pétain, de septembre 1940 à mars 1943). (1)
Témoignage du docteur Petit, médecin-chef des prisons de Fresnes :
« J’ai vu beaucoup de choses, mais je n’oublierai jamais le Colonel servant sa dernière messe avec calme et simplicité – et ce qui m’a le plus stupéfié, c’est que cette messe était chantée : non seulement par le célébrant, mais par le servant… C’était d’une très, très grande beauté – et en même temps d’une extrême discrétion : nul accent dramatique. Je ne sus même pas que l’hostie du Colonel fut partagée pour être donnée aussi à sa femme, quelques heures plus tard… » (2)
Après la messe, alors que les avocats s’agitaient, téléphonaient, voulant arracher la possibilité de surseoir à l’exécution, le docteur Petit converse calmement avec le condamné : « Je le regardai : il rayonnait. Il rayonnait vraiment de bonheur. C’est peut-être fou de dire cela, mais c’est tout à fait l’impression que j’ai eue : il était déjà dans l’Au-delà… alors que nous étions de pauvres garçons déchirés de le voir mourir. » (3)
(1) Jean Bastien-Thiry, Sa vie, ses écrits. Témoignages, Paris, 1973 (disponible auprès du Cercle Jean Bastien-Thiry), p.210
(2) Ibid., p.249
(3) Ibid., p.250
(4) Ibid., p.259 et 257.
Le Valeurs Actuelles du 7 mars 2013 publie un article sur cette exécution où est souligné combien De Gaulle était habité par la fureur. Le président avait même envisagé de faire fusiller le général Jouhaud ; et ce n’est que devant la double menace de démission de Pompidou et Foyer qu‘il ne donne pas cet ordre.
Lien de Valeurs Actuelles sur le sujet :
http://www.valeursactuelles.com/bastien-thiry-dernier-fusillé20130305.html
Pour ceux qui veulent lire ou relire la déclaration que fit Jean Bastien-Thiry à son procès.
http://www.bastien-thiry.fr/le-proces-du-colonel-bastien-thiry/declaration-du-2-fevrier-1963.htm
Enfin, une citation de Charles De Gaulle, dont je n’ai pas trouvé la source :
« Les Français ont besoin de martyrs. II faut qu’ils les choisissent bien. J’aurais pu leur donner un de ces c…rétins de généraux qui jouent au ballon dans la cour de la prison de Tulle. Je leur ai donné Bastien-Thiry. Celui-là, ils pourront en faire un martyr, s’ils le veulent, lorsque j’aurai disparu. II le mérite. »
- le 11 mars 1966 : le gouvernement français adresse à ses partenaires de l’OTAN un aide-mémoire dans lequel il annonce sa décision de soustraire ses forces terrestres et aériennes du commandement intégré de l’Alliance.
source : le salon beige
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