Jean-Christophe Cambadélis n’a pas perdu de temps pour se montrer à la télévision dimanche soir peu après 20 heures. Il n’avait pas grand-chose à dire mais ce n’était pas une raison pour se taire. Il a salué l’avènement d’un « nouveau temps » et s’est félicité de la mobilisation d’un « ensemble stable et durable dans une Belle Alliance ».
« Nouveau temps » ? Ça reste à démontrer. Benoît Hamon est arrivé en tête avec cinq points d’avance sur Manuel Valls. Il incarne une gauche bien à gauche avec tout ce que cela implique de vieilles lunes, d’idéologie et de gabegie financière (revenu universel d’existence atteignant, à terme, 750 euros pour toute personne âgée de plus de 18 ans, hausse des rémunérations dans la fonction publique, recrutement de 40.000 enseignants, légalisation du cannabis, droit de vote des étrangers aux élections locales, mixité sociale et diversité obligatoires dans les écoles privées). Ses propositions permettent de ratisser large, font allègrement fi du réel et ont de quoi séduire ceux qui sont drogués, notamment à l’argent public.
« Ensemble stable et durable » ? C’est, à tout le moins, discutable, avec environ 1.800.000 votants, soit un recul de presque un million par rapport au niveau de participation atteint à la primaire de 2011. Vincent Peillon, l’un des perdants, a reconnu que cette participation était moyenne, voire décevante.
Le premier secrétaire du Parti socialiste avait fixé la barre à un million et demi. Il ne prenait pas trop de risques. Laurent Joffrin, directeur de Libération, peu suspect de détestation ciblée à l’encontre du PS, estimait qu’à moins de deux millions de votants, ce parti aurait du mal à survivre en l’état.
« Belle Alliance » ? La gauche façonnée par François Mitterrand a explosé depuis belle lurette. Jean-Luc Mélenchon poursuit son bonhomme de chemin avec ses imprécations, ses péroraisons et ses sondages à deux chiffres. Emmanuel Macron a pris son envol, il remplit ses salles en se mouillant le moins possible et il se rapproche de François Fillon, retranché dans son silence assourdissant. Entre les deux, François Hollande abandonne ses petits camarades presque dans l’état où il laisse le pays. On va assister, dimanche prochain, à un face-à-face entre une gauche qui se présente comme responsable, apte à gouverner (mais ses résultats sont loin de plaider en sa faveur) et une gauche des utopies, des symboles et des dérives. Dans la grande tradition socialiste, cette dernière a toutes les chances de l’emporter.
Avec, si ce scénario se réalise, deux conséquences : conformément au code de bonne conduite accepté par les participants à la primaire, Manuel Valls devra soutenir le candidat Hamon et son fameux revenu universel, dont il pense et dont il dit pourtant beaucoup de mal ; et puis l’espace politique s’ouvrant devant Emmanuel Macron s’élargira davantage encore. Mieux qu’un boulevard. Peut-être une autoroute sur laquelle il pourra embarquer en auto-stop de nombreux amis de Manuel Valls et d’Alain Juppé.
Fabrice Le Quintrec
Source : http://www.bvoltaire.fr
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