C’est la nouvelle histoire de Toto qui sera de mise à la rentrée prochaine, lorsqu’on aura enfin aboli la mère de tous les maux, cette malédiction qui rend les enfants suicidaires et les parents itou, précipite la déconfiture de la France et fait grimper le chômage : j’ai nommé la notation.
Car si nous courons à grand pas vers le zéro pointé des agences de notation et la queue du classement des nations, c’est, assurément, parce que notre système scolaire persiste et signe dans cet archaïsme fascisant.
L’histoire revient sur le bureau de Madame Najat Vallaud-Belkacem, notre fraîche ministre de l’Éducation : le Conseil supérieur des programmes vient d’y déposer un rapport de onze pages préconisant l’abandon des notes et de leurs moyennes, qualifiées de « calculs artificiels ». Pointant du doigt ce qui n’est à leurs yeux qu’un « moyen de récompense ou de sanction et un instrument de tri et de hiérarchisation sociale des élèves », les conseillers du Conseil supérieur conseillent supérieurement son remplacement par une nouvelle grille « comportant 4 à 6 niveaux de maîtrise ». Évalués par des lettres. Ou des couleurs. Avec des + et des –, ou bien du plus clair au plus foncé, chacun selon ses goûts. Et pourquoi pas des goûts, d’ailleurs, ou des odeurs : à Abdourakhane qui sait « faire à l’oral un récit structuré en utilisant la langue française », on enverrait une bouffée de jasmin ; et à Charles-Édouard, incapable d’une « interaction à l’oral de façon argumentée en employant une langue adaptée à la situation de communication », une boule puante. Ça aurait au moins l’avantage de relancer le petit
commerce du parfum et des farces & attrapes.
Attrapés, nous le sommes. Rattrapés, dépassés même par l’insondable bêtise de tous ces crânes d’œuf prêts à toutes les inepties pour ne pas affronter la réalité qui leur explose au nez depuis des décennies : l’absurdité criminelle du collège unique et les ravages que cette utopie continue d’engendrer.
À Luc Ferry, lui-même ancien ministre de l’Éducation, Le Figaro demande ce qu’il pense de ce projet de réforme. Réponse lapidaire : « C’est stupéfiant de niaiserie. » Par des notes ou par des lettres, ce qui revient exactement au même, on répond à une nécessité, dit-il : « Parce qu’on a besoin, qu’on le veuille ou non, d’une évaluation objective des compétences des élèves. C’est vital pour eux de savoir où ils en sont, mais aussi pour les parents qui en ont besoin pour corriger le tir, pour aider leurs enfants s’il le faut. »
Quant à la « philosophie » qui sous-tend tout cela, elle prouve une fois encore que la France est sans doute le pays le plus archaïquement gauchiste de la planète : « C’est la vieille rengaine soixante-huitarde chère à la deuxième gauche selon laquelle les notes seraient le reflet de la société de compétition capitaliste, l’école étant, pour reprendre le vocabulaire d’Althusser et de Bourdieu, un “appareil idéologique d’État” destiné à sélectionner les “héritiers”. Les notes installeraient la logique “néolibérale” de la rentabilité compétitive dans les classes. » C’est d’ailleurs pour cette même raison qu’on a délaissé dans notre pays l’enseignement technique, cela au motif que l’Éducation nationale n’avait pas à fournir de la main-d’œuvre au patronat exploiteur. On a préféré la faire venir de l’autre côté de la Méditerranée avec les conséquences que l’on sait.
L’enseignement français est toujours gangrené par une idéologie mortifère, entretenue (ce n’est pas le moindre des paradoxes) par des gens qui se gargarisent à vie de leur classement à la sortie de l’ENA ! Les notes et les récompenses, c’est bon pour eux et leurs enfants. Pas pour le commun. Manquerait plus que les enfants de pauvres puissent grimper au mérite ! source : boulevard voltaire
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