L’affaire des « Mistral » : « GARÇON, L’ADDITION ! »

26 Août 2015 | Editorial | 0 commentaires

Par J.C Rolinat. Dans le domaine politique le cœur de l’été, en général, est propice aux mauvais coups. Août 2015 n’aura pas fait exception. Récapitulons les péripéties de l’affaire de deux Mistral.
Négocié sous la mandature de Nicolas Sarkozy, le contrat de vente des deux bâtiments de projection et de commandement – BPC) – (1), est l’une des  (rares !) actions bénéfiques de ce quinquennat avec la négociation facilitant le cessez-le feu entre la Géorgie et la Russie. Mais pour le plus américanophile de nos présidents de la Vème République, le plus soumit aux intérêts de la thalassocratie américaine, François Hollande, l’embargo sur les deux Mistral achevés et partiellement payés, était une manière  d’obéir à « la voix de son maître ». Prétextant l’annexion de la Crimée – est-ce un crime que de « rentrer, chez soi  et de recouvrer une sorte  d’Alsace-Lorraine ? «  –  il a délibérément fait capoter cette vente qui assurait non seulement du travail aux chantiers  de Saint-Nazaire, mais participait au prestige et au rayonnement de la France  dans le savoir-faire de notre pays dans le domaine naval. Les conséquences de cet embargo,  puis l’annulation unilatérale de ce contrat, sont multiples et toutes au désavantage de la France. Un manque à gagner évident, des dommages et intérêts à verser, la parole de notre pays qui n’est  pas honorée  -un mauvais signal envers d’autres  clients   – difficulté de revendre  à un bon prix ces deux mastodontes, la Marine nationale, dotée de trois unités de ce type, n’en ayant pas besoin. Sans compter que tout acheteur potentiel (2) , sachant que le vendeur est pressé de s’en débarrasser, exercera une pression à la baisse sur le prix de vente. Sans oublier non plus les néfastes retombées sur le commerce local privé de la présence des 400 marins russes qui se formaient au fonctionnement du « Sébastopol » et du « Vladivostok ».
Examinons maintenant, poste par poste, le montant de la « facture » pénalisant notre pays par la seule volonté de Hollande :
-Remboursement des arrhes versées : 896 millions d’euros
-Défraiement pour l’entretien des équipages, l’agrandissement des bassins en Russie pour accueillir les deux navires et l’adaptation navale des 32 hélicos KA-52 embarqués : 100 millions d’euros,
-« Dérussification » des deux bateaux pour les rendre vendables aux normes NATO (OTAN) : 200 millions d’euros,
-Dédommagement de la DCNS (constructions navales) : 250 millions d’euros,
-gardiennage quotidien des deux unités (entretien, « chauffe » des moteurs, manœuvres etc…) : 1 à 5 millions par mois,
-Pertes pour les chantiers pour l’entretien annuel des deux « Mistral » russes : entre 20 et 30 millions d’euros par an.
Excusez du peu…Quant aux deux autres bateaux envisagés, aux navires câbliers et aux ravitailleurs qui étaient susceptibles d’être commandés, ils passent à la trappe : pour la  potentialité  d’un marché de 500 millions d’euros .
Comme l’écrivait le quotidien PRESENT, « la servilité de Paris face à Washington va donc nous coûter deux milliards d’euros »…Au bas mot ! Sans oublier que les manuels de technologie – confidentiels mais contractuellement transférés au client – vont permettre aux chantiers russes de fabriquer ces mêmes navires et, pourquoi pas, d’en ….exporter ! L’Elysée a beau minimiser les retombées financières de l’affaire et tenter d’enfumer l’opinion pendant la période de la « bronzette », les chiffres sont là, cruels ! Ils ne vont pas améliorer notre balance commerciale, sans compter les dommages collatéraux pour nos exportateurs de produits fermiers vers la Russie, victimes à leur tour d’un embargo utilisé en représailles aux stupides sanctions imposées à Moscou par l’Union européenne. Dans une entreprise normale, un VRP comme Hollande serait licencié sans indemnités. De plus, gageons que les Prudhommes lui donneraient tort ! Nous, actionnaires de la maison « France »,  n’avons pas encore cette opportunité.  Le refus de vente des deux « Mistral », une décision pire que celle prise par de De Gaulle  à l’encontre d’Israël dans les années soixante à propos de 50 Mirage V J, restera dans les annales des ventes d’armes françaises comme un incroyable fiasco.
Electeurs français, amis du PDF, patientons encore deux petites années, et nous présenterons à « Monsieur petites blagues » à notre tour, la facture  des « mauvaises blagues » !
Jean-Claude ROLINAT

  1. La France arme 3 BPC dont le « Mistral » n° L-9013, tête de série, lancé en novembre 2004, opérationnel en juin 2005.
  2. On a parlé du Canada et de l’Egypte avec, pour ce dernier pays, un éventuel financement Saoudien. Problématique avec la chute des cours du pétrole !

 
 

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