Alors que l’Europe institutionnelle s’embourbe dans la question des migrants (1) et que les opinions publiques s’émeuvent face aux drames inéluctablement engendrés par une telle masse de populations en mouvement, un pays que les projecteurs de l’actualité éclairent d’habitude sur d’autres sujets règle, en douce, le problème à sa manière….Brutalement et directement !
La Cour suprême israélienne vient d’ordonner le 11 aout dernier que les demandeurs d’asile – des fraudeurs en fait – détenus depuis plus d’un an, soient libérés sous deux semaines. Les autorités des camps de rétention situés dans le désert du Néguev, la continuation géographique du Sinaï égyptien, ont relâché plus d’un millier de pauvres bougres dans la nature, c’est le cas de le dire ! C’est ainsi que des Erythréens et des Soudanais (2), se retrouvent libres comme l’air mais livrés à eux-mêmes avec l’interdiction de gagner Tel-Aviv, la grande métropole juive du Nord ou Eilat au sud, station balnéaire populaire réputée, débouchant sur la mer Rouge. En poche ils ont pour tout viatique 64 shekels, soit plus ou moins 17 dollars US, un casse-croute et de …l’eau tout de même ! Ils ont donc quitté le centre d’Holot où ils percevaient à ne rien faire une allocation mensuelle de 600 shekels, sous réserve qu’ils pointent tous les soirs au poste de garde ! Mais où seraient-ils allés ces clandestins dignes d’une errance biblique sans un quelconque Moïse pour leur donner l’espoir d’un bon cap ? Personne n’en veut, surtout pas l’Egypte voisine ou ces bons palestiniens de la bande Gaza… C’est déjà à peine si les Falashas – ces noirs judaïsés d’Ethiopie rapatriés à grand renfort de publicité/propagande dans les années quatre-vingt – sont tolérés dans la société israélienne, particulièrement discriminante en dépit des apparences de liberté. (L’auteur de ces lignes précises qu’il sait de quoi il parle, étant allé deux fois en Terre Sainte…). Le maire de la localité israélienne d’Arad a même ordonné à son personnel communal de garder les entrées de sa petite ville afin de dissuader les migrants d’y pénétrer ! Allez faire cela en France ! L’inénarrable monsieur Cazeneuve, le locataire provisoire du ministère de l’intérieur, « l’homme qui ne rit jamais », pourrait peut-être s’inspirer de la méthode du Premier ministre de l’Etat hébreu , Mr Netanyahu, et diriger nos demandeurs d’asile vers….la Mer de sable d’Ermenonville !
Jean-Claude ROLINAT
(1)A noter l’évolution sémantique au fil des ans : d’abord ces clandestins – donc des « hors la loi « de fait – furent qualifiés de « sans papiers », puis de migrants pour devenir des réfugiés et finalement des demandeurs d’asile. Avant d’être, demain, nos concitoyens ?
(2)Estimations selon l’ONU : 36 000 Erythréens et 14 000 soudanais vivraient en Israël en marge de la société. Ce qui, rapporté à la population du pays, est loin d’être négligeable.
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