Ils étaient jeunes, respectivement âgés de 27 et 28 ans. L’un était père de famille. Ils avaient certainement la tête pleine de rêves et de projets. Ils, ce sont le sapeur de première classe Nathanaël Josselin et le caporal-chef Simon Cartannaz. Ils servaient, l’un et l’autre, au sein de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP).
Et puis, pour eux, tout s’est arrêté le 12 janvier dernier, rue de Trévise, dans le 9e arrondissement. Alors qu’ils intervenaient dans un immeuble pour une fuite de gaz, une explosion d’une formidable ampleur les a tués instantanément. Un de leurs camarades, grièvement blessé, est toujours hospitalisé. Ces deux héros ordinaires sont partis rejoindre leurs camarades morts en mission. 26 depuis 1967, date de la création, par le général de Gaulle, de la « Brigade », comme l’appellent familièrement les anciens et les connaisseurs.
La BSPP plonge ses racines dans la longue histoire que les hommes mènent contre le feu. Longtemps l’affaire de la collectivité tout entière, notre pays, au fil du temps, s’est organisé pour lutter contre un fléau qui ne se dément pas et qui est toujours aussi présent, dévastateur et meurtrier. Et puis, peu à peu, les missions des sapeurs-pompiers se sont élargies et diversifiées pour concerner, aujourd’hui, tous les aspects du secours aux personnes.
C’est Napoléon Ier, empereur des Français, qui, suite à l’incendie meurtrier de l’ambassade d’Autriche, le 1erjuillet 1810 – une centaine de victimes est alors à déplorer -, décide de la création d’une unité spécialisée dans la lutte contre les incendies dans la capitale. Ce sera chose faite par le décret impérial du 18 septembre 1810. En 1866, ce qui était le bataillon de sapeurs-pompiers de Paris devient un régiment. Et le 1er mars 1967, l’unité est transformée en brigade, à la tête de laquelle est nommé l’emblématique colonel Casso, promu général pour la circonstance.
Formatée, avec ses 80 casernes et 8.500 hommes environ, pour 450.000 missions par an, la BSPP en a assuré 520.000, en 2018. Cette augmentation est, en grande partie, due à la désertification médicale qui sévit, ainsi qu’à l’augmentation significative des accidents (blessures, chutes…). De cela, il ressort également une grande demande d’un corps social en sollicitation sans cesse grandissante d’attention, de secours et d’assistance. Si les sapeurs-pompiers sont, en général, auréolés d’une réputation de courage et d’abnégation qui n’est plus à faire, cette corporation vit aussi une grande période de doutes. Ainsi, le taux de réengagement à l’issue du premier contrat de cinq ans est-il passé, au cours de ces dernières années, de 83 % à 53 %. En cause non pas les risques inhérents au cœur de métier mais une aggravation significative des conditions d’intervention.
À cet égard, l’assassinat du jeune sapeur-pompier Geoffroy Henri, 27 ans, poignardé lors d’une mission à Villeneuve-Saint-Georges, en banlieue parisienne, est venu rappeler combien le contexte de violence généralisée qui touche notre société devient intolérable, même pour les plus courageux et les plus dévoués de nos concitoyens. Chaque année, plusieurs pompiers meurent en service. 65 d’entre eux, depuis 2003, ont payé au prix de leur vie ce qu’une société peut offrir de meilleur. Le don de soi au nom d’un idéal qui transcende tout le reste. En sauvant au moins une vingtaine de personne par leur sacrifice, Nathanaël Josselin et Simon Cartannaz nous ont rappelé le sens du mot « humanité » dans ce qu’il a de plus grand et de plus beau. Et en cette période de fortes tensions dans notre pays, le message est loin d’être inutile.
Olivier Damien
Source : http://bvoltaire.fr
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