Harcèlement dans les transports : à qui la faute ?

11 Juil 2015 | Revue-de-Presse | 0 commentaires

Le gouvernement va lancer un « plan national de lutte contre le harcèlement » dans les transports en commun. Il paraît que 100 % des usagères en auraient été victimes. Tout dépend de ce que l’on met dans le terme fourre-tout de « harcèlement », employé aujourd’hui à toutes les sauces quand on veut se positionner en victime, mais qu’on ne sait au juste définir de quoi ou de qui. Car subir une main au cul ou une agression sexuelle, ce n’est pas tout à fait la même chose.

Quitte à déployer un « plan national », pourquoi s’en tenir au harcèlement ? Pourquoi ne pas s’attaquer aux problèmes d’insécurité, de pickpockets, de délinquants ? Probablement parce que ça ne serait pas assez ancré à gauche, alors que le féminisme, lui, l’est. Ce nouvel enfumage n’est qu’un gadget sociétal de plus pour nous faire oublier les sujets qui fâchent et contre lesquels le gouvernement de François Hollande s’est cassé le nez.
 

Les mesures annoncées ne sont pas dénuées de sens : repérer les recoins du métro mal éclairés, réfléchir à des « outils numériques d’alerte et de signalement », proscrire les affichages publicitaires provocateurs semblent d’une telle évidence qu’on s’étonne qu’un « plan national » ait été nécessaire pour les mettre en place. On est moins convaincu par les projets de « campagne de sensibilisation » et de formation pour « l’accompagnement des victimes », blabla de communicants typique pour faire croire qu’on agit en jetant l’argent du contribuable par les fenêtres. Mais en quoi ce « plan national » aura-t-il un caractère préventif ? Une disposition a au moins ce mérite : « l’arrêt à la demande » des bus la nuit, pour permettre aux passagères d’être déposées devant leur domicile. L’idée devrait être expérimentée à Nantes.
 

Quel que soit l’arsenal sécuritaire dégainé, force est de s’interroger sur les causes qui ont engendré la banalisation de ces harcèlements. Le problème est d’abord éducatif et culturel. Pourquoi certains hommes se croient-ils autorisés, dans les transports ou ailleurs, à tripatouiller une femme contre son gré ? Pourquoi certaines femmes sont-elles conditionnées dans leur tête pour se percevoir comme des proies sans défense ? Pourquoi, dans les cas les plus abjects de viol dans les RER ou les trains de banlieues, les témoins n’interviennent pas ? La sensation d’impunité découle-t-elle d’une démission collective ?
 

Assiste-t-on, en outre, à une « racaillisation » des comportements, où l’individu peut désormais étaler un sans-gêne sans limites et se livrer en toute quiétude à des incivilités ? Où les fauteurs de troubles font la loi, confortés par la mansuétude de la justice ? Où l’image des femmes se trouve sérieusement dégradée et déconsidérée, aussi bien par des communautés qui les rêvent engoncées dans des burqas que par des directeurs de marketing et des magazines féminins qui leur assignent un rôle de pintade consumériste sexuellement libérée ?
 

Le civisme et le savoir-vivre ne sont plus guère enseignés à l’école, mais comment pourraient-ils l’être, dans une société où certains élèves et parents n’hésitent plus à invectiver les enseignants et à dicter leurs propres règles ? C’est d’abord un laxisme généralisé et une propension à la résignation qu’il faut combattre, et pas seulement dans les rames de métro, avant que la société ne déraille.
 

Source : http://www.bvoltaire.fr

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