CONNEXION. La lettre argumentaire PDF, rédigée par Jean-François Touzé et Franck Timmermans.
En moins de deux semaines, trois faire-part de faillites viennent de compromettre le redressement d’entreprises que la parole publique, dans un contexte préélectoral, nous disait sauvées du désastre. C’est d’abord l’annonce par General Electric de la suppression de mille postes dans son usine de Belfort. Une annonce incomplète et insincère : si l’on prend en compte les répercussions inévitables sur les sociétés sous-traitantes, c’est, en effet, non pas mille mais au total entre trois et quatre mille emplois qui sont menacés. Dans cette tragédie sociale, la responsabilité d’Emmanuel Macron est totale. C’est lui, en effet, qui, en tant que Secrétaire général adjoint de l’Élysée chargé des affaires industrielles auprès de François Hollande, puis en tant que ministre de l’économie, fut le chef d’orchestre de la session de la branche énergie d’Alstom à General Electric qui avait pris l’engagement non seulement de conserver tous les postes existants mais d’en créer mille nouveaux. Macron a donc agi soit par incompétence, soit, en toute connaissance de cause, par cynisme et choix funeste de désindustrialisation de la France amenée à devenir, pour les tenants du mondialisme, un pays de tourisme, de luxe et de services. Dans les deux cas c’est un des fleurons industriels et économiques de notre pays que celui qui est aujourd’hui Président de la République a délibérément bradé, et l’intérêt social d’une ville et d’un département qu’il a négligé au profit exclusif de celui des actionnaires. Les exemples de cette volonté destructrice de l’industrie française se multiplient par ailleurs. Tout comme General Electric, Ascoval, Whirlpool sont emblématiques de cette mise à mort. À propos de General Electric on nous explique aujourd’hui que les turbines à gaz n’ont aucun avenir, ce qui est très précisément l’inverse de ce qu’assurait Macron il y a cinq ans. L’usine, contrairement à ce qu’affirme le repreneur, n’est pas en surcapacité (400 par ans) mais en sous compétitivité (100 demandes seulement) du fait de ses coûts de production trop élevés. Au sujet d’Ascoval, tout en assurant que la faillite de son repreneur anglais British Steel, n’aura pas de conséquences sur l’emploi à l’usine de Saint Saulve près de Valenciennes, pas plus qu’à celle de Hayange en Moselle, on laisse entendre que les aciéries françaises relèvent du passé. Pour ce qui est de Whirlpool, on se borne à constater que l’électroménager français n’est plus compétitif, en particulier face à la Chine. Là encore, la responsabilité d’Emmanuel Macron est engagée. En octobre 2017, quatre mois après le début de son mandat, le Président de la République, visitant le site, s’était, en effet, fermement engagé pour écarter les menaces de délocalisation vers la Pologne en accordant une subvention de 7,4 milliards d’euros à l’usine, aide d’urgence destinée à la relance des investissements et de la production sur le sol national. Ces subsides n’ayant servi qu’à payer, un temps, les salaires au lieu d’investir et de rénover, il n’est pas interdit de penser que la seule motivation de l’État et de son chef était de gagner du temps par une opération cynique de communication avec l’argent du contribuable. Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Quand on veut massacrer son industrie, on la dit dépassée et non viable. Le Parti de la France croit en l’avenir de notre industrie nationale servie par une main-d’œuvre française spécialisée d’exception et un savoir-faire hors pair, atouts qui, même dans une économie globalisée, peuvent faire la différence. Il demande au gouvernement de prendre ses responsabilités pour sauver des secteurs stratégiques comme peut l’être par exemple le rail français, et de mettre fin sur le sol national aux pratiques odieuses des fonds de retournement vautours comme Grey Bull détenteur des actions de British Steel. Il réaffirme sa volonté politique d’une réindustrialisation ambitieuse de la France correspondant aux réalités des besoins du marché, et d’une économie européenne ouverte au monde. Ce sont bien sûr les carnets de commandes qui font la réussite d’une entreprise. Mais les commandes dépendent aussi de la compétitivité et donc du niveau fiscal auquel ces entreprises sont soumises, et de la capacité de l’État comme de l’Europe à faire respecter les règles d’une concurrence internationale loyale. Cette réindustrialisation ne sera donc possible qu’à la quadruple condition de rendre nos entreprises compétitives au niveau mondial en desserrant le verrou fiscal, de privilégier la production plutôt que les dividendes, de redonner à l’État l’esprit et les moyens de ses stratégies et de mettre en place, au niveau européen, les barrières nécessaires à une politique ambitieuse de défense de notre production et de reconquête des marchés.
Accord UE-Mercosur : une question de volonté
L'actuelle agitation en France à propos de l'accord entre l'Union Européenne et le Mercosur est tout à fait symbolique de...
0 commentaires