L’islamiste radicalisé qui a foncé lundi sur des gendarmes sur les Champs-Élysées, bien que fiché S 15, détenait un permis de port d’arme.
Le suspect de l’attentat raté des Champs-Élysées, Adam D., né à Argenteuil il y a 31 ans, était détenteur d’un permis de port d’arme tout en étant fiché S 15, le deuxième niveau le plus haut dans la classification des actions à entreprendre pour les membres des forces de l’ordre qui contrôlent ces personnes. Ainsi que l’indique notre document, il avait demandé une autorisation pour le port d’un pistolet Glock, qui équipe notamment le Raid ou le GIGN. Interrogés hier en fin d’après-midi par Le Point sur le fait qu’il était autorisé à porter une telle arme tout en étant inscrit dans un fichier relatif au terrorisme, ni le ministère de l’Intérieur ni le parquet de Paris n’ont répondu à nos interrogations.
atrick Calvar, l’ex-patron de la DGSI, avait pointé du doigt en mai 2016, lors de son audition par la commission d’enquête parlementaire sur les attentats présidée par le député et ancien magistrat Georges Fenech, la faille majeure que constitue l’absence de croisement des fichiers. En effet, au-delà de la communication affichée par les récents occupants de la Place Beauvau, la débrouille et la connaissance personnelle de collègues travaillant pour d’autres services restent pour les fonctionnaires du renseignement le moyen le plus efficace de recueillir de l’information sur un individu radicalisé. Christophe Rougé, officier de police et responsable de la communication du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI), le confirme : « Aux renseignements, on peut consulter Agrippa (le fichier qui regroupe les détenteurs d’armes, NDLR), mais ce n’est pas systématique. Chaque administration préserve son pré carré. On fait avec les moyens du bord. En outre, aujourd’hui, aucun texte n’interdit à un fiché S de détenir une arme. »
Le croisement des fichiers est un sujet important.
armi les experts qui ont procédé à la mise en place de la task force antiterroriste chère au président Macron, on la joue modeste : « La lutte contre le terrorisme est très empirique, on apprend après chaque affaire. Il faut rester humble. Le croisement des fichiers est, en effet, un sujet important. L’urgence de la situation doit faire comprendre aux administrations qu’il n’est plus temps de préserver ses informations, mais de les partager. »
Un vœu pieux ? Bernard Cazeneuve en son temps avait mis en place une structure dédiée à l’échange de renseignements entre tous les services. , nommé à la tête du nouveau centre national du contre-terrorisme le 7 juin en conseil des ministres, devra parachever le travail.
source : le point.fr
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