En Suisse, les relations entre hommes et femmes expliquées aux migrants

18 Jan 2016 | Revue-de-Presse | 0 commentaires

L’idée d’aborder les rapports entre les sexes dans des cours destinés aux requérants d’asile fait son chemin en Suisse.

Les événements à Cologne enflamment les esprits en Suisse aussi. Lucerne, redoutant des débordements lors du carnaval dans trois semaines, compte déployer une campagne de sensibilisation contre le harcèlement sexuel dans les 13 centres d’hébergement pour requérants d’asile du canton, rapporte mercredi le portail d’information Zentralplus.

«Notre but est d’expliquer aux migrants quels comportements envers les femmes ne sont pas admis ici», explique au TempsSilvia Bolliger, porte-parole du département de la santé et des affaires sociales de Lucerne. Et de préciser: «Nous n’avons pas de problème d’agressions de la part de requérants d’asile, mais, face à l’inquiétude de la population, nous souhaitons agir préventivement».

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Faut-il sensibiliser les requérants d’asile aux moeurs locales et aux relations entre hommes et femmes? Les mesures d’intégration relevant des compétences cantonales, la réponse varie d’une région à l’autre. Dans le canton de Vaud, la question de l’égalité entre les sexes est abordée brièvement dans un module d’information sur la formation, le tri des déchets, ou encore le système de santé. Tandis qu’à Sion, en Valais, des mineurs non accompagnés suivent un cours d’éducation sexuelle.

Aux yeux de la conseillère nationale socialiste bâloise Silvia Schenker, cette pratique devrait se généraliser dans le pays. «La Suisse pourrait s’inspirer de ce qui se fait en Norvège, où les immigrés sont sensibilisés à l’égalité entre les sexes», estime l’élue, qui compte déposer une interpellation dans ce sens lors de la prochaine session parlementaire à Berne, au printemps. Le public cible serait non seulement les jeunes hommes immigrés – et ce dès leur arrivée en Suisse – mais les femmes aussi, à qui il faudrait expliquer, selon elle, les droits dont elles disposent sur le sol helvétique.
Une forme de «racisme»

A Genève, le thème existe depuis cinq ans dans le cadre de cours de «socialisation» à l’attention des requérants d’asile. Chaque nouvel arrivant suit un module d’information obligatoire de six heures, délivré par l’Hospice général, responsable de l’accueil des migrants. On y aborde le cadre légal en vigueur dans le pays, la procédure d’asile, le fonctionnement des diverses institutions, mais aussi les codes sociaux.

«Nous leur expliquons que les femmes sont indépendantes, disposent des mêmes droits que les hommes, peuvent déposer plainte en cas d’agression ou que si elles se promènent les jambes nues, cela ne signifie pas qu’elles sont disponibles», explique Françoise Michel, responsable du centre de formation de l’Hospice, qui tient à ajouter: «L’idée n’est pas de présenter une vision idéalisée de notre société, ni de faire la morale, mais d’informer».

Marylène Lieber, sociologue spécialisée en études genre à l’université de Genève, porte un regard très critique sur ce type de démarches: «Lorsqu’un homme blanc agresse une femme, on ne considère pas que ses actes sont emblématiques du groupe auquel il appartient. Ici, on suppose que les agresseurs sont représentatifs de tous les étrangers».

Cibler un public en fonction de son origine s’apparente selon la sociologue à du racisme: «On sous-entend que seuls les étrangers s’en prennent à «nos femmes». C’est une façon de mieux dissimuler le sexisme et la violence largement répandus aussi dans nos sociétés».
source : https://www.letemps.ch/suisse/2016/01/13/suisse-relations-entre-hommes-femmes-expliquees-aux-migrants

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