Crèches de Noël : ces maires qui dénoncent les excès de la laïcité

24 Déc 2015 | Revue-de-Presse | 0 commentaires

Objet de crispation entre tenants d’une stricte laïcité et défenseurs de la tradition populaire, la crèche de Noël est interdite dans les lieux publics par l’Association des maires de France.
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Deux lignes dans un «vade-mecum» de l’Association des maires de France (AMF), publié cinq jours après les attentats islamistes, moins d’un mois avant les régionales, et voilà la polémique qui s’enflamme à nouveau.
Comme l’an dernier, les crèches sont revenues sur la place publique, des élus sont repartis en campagne, certains défendant la Sainte Famille, d’autres une stricte laïcité. Expositions, concours, crèches vivantes, certains maires ont même surenchéri, cette année, dans la créativité. «La présence de crèches de Noël dans l’enceinte des mairies n’est pas compatible avec la laïcité», avait pourtant jugé l’association présidée par le maire de Troyes (les Républicains) François Baroin, interpellant le ministre de l’Intérieur «sur l’hétérogénéité actuelle des jurisprudences». Après une pétition lancée par ses collègues LR Hervé Mariton et Philippe Gosselin, le président de l’AMF s’apprête à envoyer un courrier «apportant quelques précisions» aux quelque 150 parlementaires signataires. Mais pas question de modifier une seule ligne de ce «vade-mecum», qui d’ailleurs «est un best-seller», se vante l’association. «Tout a été voté à l’unanimité, insiste-t-on à l’AMF. On ne change quelque chose que lorsqu’on a fait une boulette! Or nous ne renions rien.» Tout au plus promet-on de tenir compte d’une éventuelle décision du Conseil d’État, saisi de la question.

«Vouloir interdire les crèches dans les lieux publics est un non-sens absolu»
Jean-Frédéric Poisson

Contre ce vade-mecum révélateur «d’un laïcisme forcené qui sévit dans notre société», le Parti chrétien-démocrate avait tiré le premier. «Vouloir interdire les crèches dans les lieux publics est un non-sens absolu!, s’indigne la formation de Jean-Frédéric Poisson, dont la pétition a été signée par 106 000 personnes. À l’heure où notre pays est troublé par le départ de certains Français pour le djihad, où le manque de repères et de valeurs crée une profonde désespérance et conduit parfois à des situations de violence, nos autorités semblent vouloir rayer purement et simplement un événement fondateur de notre civilisation.» Quelques jours plus tard, trois maires Front national quittaient l’AMF, déplorant «l’abandon de toutes nos traditions et la coupure avec nos racines culturelles». Maire frontiste des XIIIe et XIVe arrondissements de Marseille, Stéphane Ravier tweetait: «L’ennemi ce n’est pas Daech, c’est la crèche!»… Au pays des santons, le député LR du Vaucluse Julien Aubert déposait, de son côté, deux propositions de loi visant «à mettre un terme à la dérive actuelle impulsée par les libres-penseurs qui se drapent dans la laïcité pour aseptiser l’espace public», au moyen de dispositions devant compléter la loi de 1905.
Une «dimension culturelle» Près de 150 parlementaires et 30 000 citoyens ont approuvé le texte d’Hervé Mariton et de Philippe Gosselin, qui appelle «l’Association des maires de France à retirer son“vade-mecum de la laïcité”et toutes les communes à en refuser toute transposition». «Dans notre engagement pour la cité, nous partageons le principe de laïcité, se justifient-ils. Mais nous n’abandonnons pas le principe d’authenticité, de sincérité et d’identité. Dans le respect de la liberté, de l’égalité et de la fraternité». Reçu à l’Assemblée nationale le 9 décembre, François Baroin «nous a indiqué qu’il avait sous-évalué la dimension culturelle de ce sujet, affirme Hervé Mariton, et nous a assuré qu’une nouvelle version numérique de son vade-mecum, intégrant nos remarques, serait publiée avant le congrès des maires fin mai». Une réponse qui, déjà, ne satisfaisait pas totalement le député de la Drôme: «la légitimité d’une expression religieuse ne peut pas se résumer à sa dimension culturelle», fait-il remarquer.

«Ce n’est pas une loi d’interdiction qui a été demandée, mais une clarification juridique auprès du ministère de l’Intérieur»
François Baroin

Mais dans la lettre qu’il s’apprête à adresser aux parlementaires et que Le Figaroa pu consulter, François Baroin botte en touche: «L’AMF s’est bien gardée d’adresser des“ injonctions” aux maires de France sur un sujet aussi délicat, mais des recommandations, rappelle-t-il. Ce n’est pas une loi d’interdiction qui a été demandée, mais une clarification juridique auprès du ministère de l’Intérieur». «Le Conseil d’État est saisi», souligne-t-il.
Lors du bureau politique des Républicains qui avait suivi le deuxième tour des élections régionales, lundi 14 décembre, «Baroin avait reconnu que des difficultés étaient nées de la polémique sur les crèches de Noël», racontent des députés. «Plusieurs personnes m’ont dit avoir voté FN à cause de cela», témoigne Hervé Mariton. «Une pétition qui rencontre autant d’écho oblige l’AMF à changer son texte!, persiste-t-il. Je suis sûr qu’il y a un paquet de gens qui n’ont même pas lu ce qu’ils votaient. Au rendez-vous du congrès des maires du printemps prochain, il est hors de question d’arriver sans correction explicite!». Quant au président de l’AMF, il conclut sobrement, dans sa lettre, que «le rassemblement autour des valeurs que nous partageons est plus que jamais nécessaire».
source : lefigaro.fr

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