Des agriculteurs ont manifesté jeudi soir en Bretagne pour dénoncer la faiblesse des prix de vente dans la production de viande porcine et de lait à l’appel des syndicats FNSEA et Jeunes agriculteurs.
Baptisées « nuit de la détresse », ces manifestations ont donné lieu à des rassemblements de tracteurs et de remorques chargées de terre et de fumier qui ont été ensuite déversées devant des grandes surfaces, des laiteries ou des abattoirs. A Rennes où a eu lieu l’un des plus importants rassemblements régionaux, près de 300 tracteurs portant des banderoles « partagez vos marges » ou « sauvez l’élevage » ont déchargé une partie de leur cargaison devant la préfecture, tandis que des éleveurs allumaient des feux de paille, de pneus et de palettes.
« La situation est explosive. En Ille-et-Vilaine, près de la moitié des éleveurs de lait sont dans le rouge », a déclaré à Reuters Loïc Guines, président de FDSEA du département.
Selon le syndicat, le prix du lait payé au producteur a baissé de 13% par rapport à avril 2014 pour descendre à 300 euros pour 1.000 litres.
« En 2014, le prix moyen était de 365 euros, c’est notre rémunération qui est partie. Mais les charges sont toujours là », dénonce un éleveur qui met en cause la dérégulation européenne et mondiale des prix agricoles et les pratiques de la grande distribution.
Après un léger mieux, le cours du porc stagne de son côté aux alentours de 1,30 euro le kilo alors qu’il faudrait 10 à 20 centimes de plus pour couvrir les coûts de production.
« Pour certaines trésoreries, très détériorées, c’est déjà trop tard et on pense que 10 à 15% des producteurs de porcs sont déjà condamnés », estime Cédric Henri. Tout en dénonçant les stratégies des grandes surfaces et des transformateurs, les représentants de la FDSEA dénoncent aussi les contraintes administratives et notamment environnementales qui pèsent sur les élevages français et qui épargneraient leurs concurrents européens.
« Alors qu’ici la production est en baisse, les Allemands, les Espagnols, où il y a davantage de liberté prennent des marchés et produisent du porc à tout va », déplore Loïc Guines.
Après avoir quitté les abords de la préfecture régionale, les manifestants rennais sont allés décharger dans la nuit ce qu’il restait dans leurs remorques sur des parkings de grandes surfaces et à l’entrée de laiteries et se sont promis de se retrouver en septembre si leur situation ne connaissait pas d’amélioration.
(Pierre-Henri Allain)
Reuter
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