Casse-tête à Bercy : arrivée de réfugiés = sortie de contribuables

10 Sep 2015 | Revue-de-Presse | 0 commentaires

Cocorico ! La France, enfin, ose se regarder au fond des yeux. S’émeut devant son miroir de salle de bains devant sa grandeur retrouvée. Il aura suffi d’une photo pour nous racheter, nous pardonner, nous absoudre. Foin des querelles et des humeurs maussades : ce matin, nous sommes tous l’abbé Pierre.

Depuis l’aube, la nouvelle passe en boucle sur les radios : les 200 premiers réfugiés partis mardi soir de Munich sont arrivés ce matin à Champagne-sur-Seine. Je n’ai pas vu les images, mais j’imagine la fanfare et les pompiers. Peut-être monsieur Cazeneuve aussi, et le président Hollande au bout du tapis rouge s’il n’a rien de plus urgent à faire. Et puis, si ce n’est aujourd’hui, ce sera pour demain puisque entre mercredi et vendredi, on attend 1.000 personnes. Sur 24.000 (et plus si affinités).

Du coup, l’information rapportée au petit matin dans la rubrique « Trois minutes pour comprendre » (Matinale RTL) est passée bien inaperçue. Il s’agit d’un rapport de Bercy sur l’évasion fiscale, rapport qui devrait être communiqué aux parlementaires à la fin de ce mois. Il a « fuité », sans doute échappé des mains d’un fonctionnaire zélé qui craignait de le voir comme tant d’autres enterré.

Faut les comprendre, aussi, à Bercy… Ce rapport, donc, concerne les familles françaises en route pour l’exil. Des « réfugiés fiscaux », en quelque sorte. Des gens, pourtant, qui « ne fuient pas toujours l’impôt ». Tout cela est légal, tient-on à préciser. En effet, « il ne s’agit pas d’évasion fiscale », mais de départs très officiels vers des lieux plus propices à l’entreprise individuelle et collective. En effet, la première catégorie d’exilé, « la grosse masse », est constituée des « cadres de grandes entreprises et les jeunes très diplômés ». Précisément, chiffres du ministère à l’appui : « Les trois quarts des exilés fiscaux actuels ont moins de 40 ans. » En général célibataires et surdiplômés. Ce sont les « High-po », les jeunes à potentiel élevé pour qui l’on a banqué l’école gratuite et obligatoire, souvent aussi les grandes écoles, et qui vont voir ailleurs s’ils ont une autre perspective que le chômage national. Destination favorite : Londres et l’Asie. Là où le monde regarde devant et pas derrière lui.

eut-être plus inquiétant encore pour le gouvernement : l’exil des retraités. Leur eldorado : le Portugal. Et pas seulement pour toutes les Maria et les Luis qui se sont usé les reins à cirer les parquets et monter des parpaings. Jusqu’en 2012, ceux-là ont constitué la première vague, celle du retour au pays. Et puis en 2012, donc, le Portugal a offert à ceux qui viendraient vivre au moins six mois par an dans le pays une exonération de tout impôt pour une durée de 10 ans. Motivant, non ? Résultat : on se bouscule au portillon. Avant 2012, 250 dossiers par an en moyenne. En 2013, Bercy comptabilisait 617 départs. On parle aujourd’hui de 2.000 dossiers en attente.

lus gênant encore pour les finances françaises, les expatriés sont « de plus en plus riches » : « En 2012, les retraités qui s’envolaient pour Lisbonne payaient en moyenne 3.948 euros d’impôts. Aujourd’hui, ceux qui partent payaient 6.489 euros d’impôt sur le revenu. » Les fiscalistes parlent d’une « véritable hémorragie ». Ce que Bercy tente certes de minimiser, mais les chiffres sont là.

« C’est lourd pour le budget de l’État. Cette population des plus riches ne représente qu’un contribuable sur 1.000, mais ils pèsent 10 % des recettes fiscales (7 milliards d’euros). À chaque fois que l’un d’eux s’en va, c’est un trou énorme dans la caisse », commentait ce matin Loïc Farge. Qui va les remplacer ? Les réfugiés, peut-être ?

Source : http://www.bvoltaire.fr

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