Algérie : la menace se précise.
17 Mar 2019 | Connexion |
CONNEXION. La lettre argumentaire PDF, rédigée par Jean-François Touzé et Franck Timmermans.
Pour avoir été parmi les premiers à tirer le signal d’alarme lorsque commencèrent les manifestations en Algérie (voir Connexion du 26 février), nous n’en sommes que plus libres d’écrire aujourd’hui que la décision prêtée a Abdelaziz Bouteflika (incapable d’articuler trois mots, ni de rédiger une lettre, ni de la dicter, le mort vivant d’Alger serait bien en peine de prendre la moindre résolution) de renoncer à un cinquième mandat à la tête du pays, est tout sauf une bonne nouvelle pour la France. C’est une mauvaise nouvelle parce que la nomenklatura totalitaire et corrompue FLN/Armée/Services secrets qui gouverne l’Algérie entend bien pérenniser son pouvoir qui, au-delà des apparences et des illusions, est tout sauf francophile n’en déplaise aux intellectuels valets du FLN comme Benjamin Stora qui, depuis le début de la crise, multiplient les interventions médiatiques en jouant les agents d’influence du régime. La dictature algérienne qui a bien retenu les leçons de la gérontocratie soviétique et du camarade Andropov vient, de fait, d’inventer l’auto-coup d’État : le régime prend le pouvoir au régime afin de perpétuer le régime. Ce ne peut être là l’intérêt de la France. Mauvaise nouvelle aussi, parce que le choix du régime et le mépris dans lequel il tient son peuple ne peuvent qu’inciter les opposants au durcissement des manifestations (plusieurs centaines de milliers de personnes dans les rues d’Alger vendredi dans un climat de tension croissante), et à la radicalisation de leurs revendications. Une radicalisation qui, à terme, ne peut profiter qu’aux islamistes bien discrets depuis le début du mouvement de contestation, mais qui, seule force organisée dans un morcellement d’oppositions sans leaders ni ciments, restent tapis dans l’ombre tout en participant massivement aux manifestations du vendredi, après la grande prière à la mosquée mais sans signes distinctifs, et en se préparant au grand soir d’Allah qu’ils sentent approcher avec en pointillé la revanche de la dissolution du Front Islamique de Salut et de l’annulation des élections remportées par lui en 1992. Les longs couteaux s’aiguisent. Particulièrement significatif est le retour au premier plan des anciens leaders du FIS Abassi Madani et Ali Belhadj qui viennent de publier un mémorandum politique, ainsi que l’intense activité du mouvement Rachad qui regroupe les réseaux ex FIS et exige la mise en place d’un comité national de transition. Agréé par la dictature, le MSP proche de la Turquie islamique d’Erdogan joue, quant à lui, un jeu ambigu, à mi-chemin du régime et de la contestation. Il est vrai que le FLN supposé laïc s’est depuis longtemps rapproché des salafistes. On sait que plus de 14 millions d’Algériens sont susceptibles de demander légalement leur venue sur le territoire français, auxquels viendraient, en cas de chaos, s’ajouter des dizaines de milliers d’autres en vertu du droit d’asile et de l’aide aux réfugiés. Plus que jamais nous demandons au gouvernement français de prendre par anticipation et au nom du principe de précaution toute mesure nécessaire afin d’empêcher le raz de marée qui ne manquerait pas de survenir dans le cas d’une répression sanglante du régime ou dans celui d’une prise de pouvoir des islamistes. Ces premières mesures d’urgence et de sauvegarde immédiate sont l’arrêt de délivrance des visas, la mise en place d’un plan de fermeture de nos frontières, le contrôle des ressortissants algériens politisés et l’interdiction de toute manifestation étrangère sur le sol français. Minimum minimorum de notre sécurité nationale.
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