Une vingtaine de blessés, dont quatre entre la vie et la mort touchés par balle: de violents affrontements entre migrants afghans et africains en plusieurs endroits de Calais ont éclaté jeudi, un « degré de violence jamais connu » selon le ministre de l’Intérieur.
« On a atteint une escalade de la violence devenue insupportable pour les Calaisiens et les migrants », a déclaré Gérard Collomb, qui s’est rendu en début de nuit sur les lieux de l’une des rixes.
« C’est un degré de violence jamais connu, » a-t-il déclaré un peu plus tôt devant la presse au commissariat, déplorant des événements « exceptionnellement graves ».
« Je suis venu réaffirmer notre mobilisation face aux passeurs qui nourrissent quotidiennement violences et rixes », a ajouté le ministre, qui a rencontré les forces de l’ordre, les pompiers et des membres de l?Office français de l?immigration et de l?intégration.
– Balle dans la nuque –
Plusieurs rixes ont éclaté jeudi après-midi à divers endroits de Calais, entre des centaines de migrants, et 22 personnes ont été hospitalisées, selon un dernier bilan officiel. Cinq migrants ont été touchés par balle, dont quatre grièvement, et l’un d’eux a reçu une balle dans la nuque, selon une source policière.
Les autres souffraient de nombreux traumatismes et blessures diverses provoqués pour certains par des armes blanches, selon la préfecture. Et deux policiers sont également légèrement blessés.
Au vu du nombre de victimes, « on est revenu à une situation qui ressemble beaucoup à celle de 2015 », année de création de la « Jungle », démantelée en octobre 2016, a-t-on commenté de source judiciaire. Toutefois, « chaque jour ne se ressemble pas en termes de violence », a-t-on ajouté.
Des forces de sécurité « complémentaires » avaient été déployées sur place, selon la préfecture.
Une première rixe a éclaté vers 15H30 entre une centaine de migrants érythréens et une trentaine d’Afghans, en un lieu proche du centre hospitalier de la ville où avait lieu une distribution de repas, selon la préfecture.
Des tirs à l’arme à feu venant d’un ressortissant afghan seraient à l’origine de cet affrontement, indique-t-on, ce qui accréditerait la thèse de la présence de passeurs sur place.
Quatre migrants, qui seraient âgés de 16 à 18 ans et de nationalité érythréenne, ont alors été blessés par balle et leur « pronostic vital était engagé », a déclaré à l’AFP le parquet de Boulogne-sur-Mer.
La Direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) et la brigade mobile de recherches de la police aux frontières ont été saisies. Aucune interpellation n’avait eu lieu dans la soirée.
– ‘Schéma classique’ –
Puis vers 16H00, une deuxième rixe s’est déroulée à environ 5 km de là, à Marck-en-Calaisis.
« Une centaine de migrants africains armés de bâtons ont voulu s’en prendre à une vingtaine d’Afghans », a rapporté le parquet.
La police a protégé les Afghans pris à partie par 150 à 200 Erythréens, selon la préfecture.
Puis en fin d’après-midi, de nouvelles violences ont éclaté dans la zone industrielle des dunes à Calais, non loin du site de l’ancienne « Jungle ».
« Les Afghans sont venus pour une distribution de repas rue des Verrotières et sont tombés sur une forte présence africaine. On a eu un mouvement de foule qui a entraîné des blessés avec des barres de fer », a indiqué le parquet à l’AFP. Six migrants ont alors été blessés selon le parquet, dont un grièvement à la tête.
« Le conflit entre Afghans et Africains a toujours été sous-jacent. C’est malheureusement un schéma classique » de voir des affrontements entre eux, a commenté une source préfectorale.
Il s’agit du bilan le plus lourd depuis le 1er juillet 2017 lorsque des bagarres inter-ethniques avaient fait 16 blessés, dont un grave. Un an plus tôt, le 26 juin 2016, d’autres rixes avaient fait 40 blessés, dont aucun n’avait été atteint gravement.
La dernière rixe entre migrants ayant débouché sur des blessures par balle remonte au 25 novembre 2017, lors d’un échange de tirs entre deux groupes d’Afghans, possible règlement de comptes entre passeurs. Cinq d’entre eux avaient été blessés.
Environ 800 migrants, qui veulent passer en Grande-Bretagne, vivent actuellement à Calais selon les derniers chiffres des associations, entre 550 et 600 selon la préfecture.
Afp
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