Sur le terrain, le Front national perd des plumes

23 Juil 2015 | Editorial | 0 commentaires

Selon un décompte de «Libération», près de 10% des conseillers municipaux frontistes ont fait défection depuis les élections de mai 2014.
L’affaire illustre bien les limites de «l’enracinement du FN», que le parti ne perd pas une occasion de mettre en avant depuis les dernières élections locales. Le 31 mars 2014, au lendemain du second tour des municipales, le secrétaire général frontiste Nicolas Bay revendiquait «plus de 1 546 conseillers municipaux dans les villes de plus de 1 000 habitants». Un «ancrage municipal» devant «permettre la présence systématique du FN lors des futures échéances régionales et départementales de 2015», se félicitait le parti dans un communiqué. Un an et quelques mois plus tard, cependant, le nombre de représentants municipaux du parti d’extrême droite semble avoir subi une baisse significative.   Perte sèche. Selon un décompte effectué par Libération, plus de 130 conseillers municipaux frontistes auraient fait défaut depuis les élections, soit près de 10 % du total. Un résultat obtenu sur la base d’articles de la presse régionale rendant compte de ces défections – et donc susceptible d’être affiné.
Ces départs se répartissent en différents cas de figure. Certains conseillers municipaux ont renoncé à leur mandat à la suite de dissensions internes, ou pour convenances personnelles. Ils ont alors été remplacés par le candidat placé après eux sur la liste lors des municipales. D’autres, en revanche, ont quitté le parti ou en ont été exclus pour des raisons disciplinaires, tout en conservant leur mandat : ils représentent donc une perte sèche pour le Front national. Selon notre décompte, les deux scénarios concernent un nombre d’élus à peu près équivalent.
«Ce genre de choses arrive partout, c’est lié aux situations personnelles de chacun, assure Nicolas Bay. Certains ont démissionné simplement pour permettre aux suivants de liste d’entrer au conseil municipal.» Une stratégie liée au caractère paritaire de l’élection municipale, imposant un nombre égal d’hommes et de femmes sur les listes dans les communes de plus de 1 000 habitants… quitte à modifier cet équilibre par le «jeu» des démissions une fois le scrutin passé. «Quant aux cas de dissidence, ils sont peu nombreux et liés à des différends entre personnes plus qu’à des désaccords politiques», assure Bay. A en juger par les déclarations des partants, les désaccords internes représentent pourtant beaucoup plus de cas que les démissions à l’amiable. Quant aux motifs, ils sont effectivement complexes : difficile, dans la plupart des cas, de démêler les rivalités personnelles des désaccords sur la ligne, ou des ambitions déçues.
Grosse tête. Bref, si l’implantation locale du FN a indéniablement progressé au fil des scrutins locaux, celle-ci reste fragile en raison du manque de professionnalisme de certains de ses élus, problème récurrent du parti. «Quand il y a une forte poussée électorale, comme aux dernières municipales, cela fait forcément élire des gens qui n’étaient pas prévus au départ, reconnaît un cadre frontiste. Dont certains qui prennent la grosse tête et veulent trop vite voler de leurs propres ailes. C’est pareil après chaque élection, mais je pense que le plus gros est maintenant derrière nous.» Cette thèse reste à confirmer : si le conflit interne s’envenime, si les velléités de candidatures dissidentes aux régionales se précisent, le nombre de conseillers municipaux exclus ou démissionnaires pourrait augmenter. «On est quelques-uns à vouloir créer notre propre groupe», prévient déjà, par exemple, un conseiller municipal marseillais en délicatesse avec le sénateur et maire frontiste Stéphane Ravier.
liberation.fr

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