Entre le 10 juin et le 10 juillet 2017, 20.845 personnes ont appelé le numéro du Samu pour obtenir un logement d’urgence. Plus de la moitié d’entre elles n’ont pas pu être satisfaites. Dans certains départements, les demandes ont triplé par rapport à l’été 2016.
La misère n’est pas moins pénible au soleil. À en juger par les derniers chiffres du Baromètre du 115, rendus publics ce mardi, ce serait même plutôt le contraire. Conçu en 2011 par la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), un collectif regroupant les associations de lutte contre l’exclusion (Secours catholique, Emmaüs, Armée du salut), ce baromètre a pour but «d’objectifier» les besoins en hébergement des personnes sans abri dans quarante et un départements français. Sa dernière édition analyse les demandes et les réponses du numéro d’urgence 115 entre le 10 juin et le 10 juillet.
Comme chaque année, ses chiffres sont l’occasion de constater une forte dégradation de la prise en charge des sans-abri à cette période de l’année. Du 10 juin au 10 juillet 2017, parmi les 20.845 personnes ayant sollicité le 115, 10.632 n’ont jamais été hébergées, soit plus de la moitié d’entre elles, ce qui correspond, selon l’étude, à une hausse de 10% en un an. Les raisons invoquées par la FAS sont multiples: une réduction des capacités d’accueil après l’hiver et la suspension ponctuelle, durant l’été, d’accueils de jours et de maraudes, «faute de moyens suffisants».
+32% de demandes d’hébergements par rapport à l’été dernier
«Les résultats montrent une situation particulièrement alarmante à Paris, en Gironde et dans les Bouches-du-Rhône», note le baromètre. La FAS constate ainsi une augmentation de 32% des demandes d’hébergement enregistrées par rapport à l’été 2016, et de 17% du nombre de personnes différentes enregistrées. La plus forte hausse constatée concerne les départements du Jura et des Alpes-Maritimes, où les demandes ont triplé en seulement un an. «Dans ce département, la situation est très inquiétante avec plusieurs centaines de personnes expulsées de campements et bidonvilles à Marseille, pour lesquelles aucune solution de relogement n’a été trouvée à ce jour, malgré des milliers de logements vacants», précise le communiqué.
Si le phénomène touche «la quasi-totalité des compositions familiales», les premières victimes de cette situation restent les familles, qui représentent 48% du public total en attente d’hébergement, soit 10.092 personnes. Parmi elles, on comptabilise 5.328 enfants mineurs … La faute, selon le FAS, au manque de structures adaptées à l’accueil des familles. Conséquence: lorsqu’elles sont hébergées, les familles le sont à l’hôtel dans 60% des cas. Sauf que dans le même temps, la durée de ces séjours à l’hôtel se raccourcit: entre juin et juillet, 47% des séjours attribués aux familles l’ont été pour une nuit seulement. «Ces résultats interrogent les effets du plan de réduction des nuitées hôtelières, note la FAS, et sa capacité à mettre en oeuvre des solutions alternatives inconditionnelles face à la pression des demandes des familles.»
Forte précarisation des 18-24 ans
Autre fait saillant du baromètre: parmi les sans-abri ayant appelé le 115, on note une forte hausse des jeunes âgées de 18 à 24 ans. Ils sont 3.389 à avoir sollicité une aide du Samu sur le mois, un chiffre en hausse de 17% par rapport à l’été 2016. La FAS note ainsi «une forte dégradation de la situation sociale et économique de cette tranche d’âge», qui s’explique, selon elle, par «les difficultés d’accès aux minima sociaux». Autre facteur de la précarisation croissante des jeunes, «les ruptures de parcours à la sortie des services de l’aide sociale à l’enfance» , qui empêchent le suivi social des jeunes adultes en situation de précarité.
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«Face à l’urgence de la situation, nous demandons aux pouvoirs publics de trouver rapidement des solutions d’hébergement et de relogement dignes et durables pour les personnes actuellement à la rue, en mobilisant les bâtiments vides et les contingents de logements sociaux», note la Fédération des acteurs de la solidarité, qui rappelle que «la vie à la rue est aussi dangereuse l’été que l’hiver». Selon elle, les derniers chiffres du baromètre «montrent que le système d’ouvertures et de fermetures de places selon les saisons ne fonctionne pas, et que c’est l’ensemble de la politique du logement en France qu’il faut redéfinir».
Source : lefigaro
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