CONNEXION. La lettre argumentaire PDF, rédigée par Jean-François Touzé et Franck Timmermans.
Tous les voyants budgétaires de la France sont au rouge et pourtant le gouvernement se réjouit : grâce à un recours massif à l’endettement, il pourra pendant quelque temps encore dépenser plus en économisant moins.
- 6 millions de vrais chômeurs au-delà des statistiques/camouflages mensuels. 9 millions de personnes sous le seuil de pauvreté. Telle est la réalité sociale de la France
- Le FMI note dans son dernier rapport que « la dette publique de la France s’accroît et que le ratio dépenses publiques/PIB reste le plus élevé d’Europe ».
- Selon les dernières prévisions de la Commission européenne (7 mai 2019), la France a cette année le déficit public le plus élevé de la zone euro à – 3,1 % du PIB. Cela n’était jamais arrivé.
- La France a connu en 2018 la 24e croissance sur 28 pays de l’UE – résultat catastrophique quand on se souvient que Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, prétendait encore sur France Inter en avril dernier, que nous avions « la croissance la plus forte de l’Union européenne ».
- Selon Eurostat (25 avril 2019), la France atteint en 2018 le record européen des impôts, taxes et cotisations sociales (47,8 % du PIB) et le record européen des dépenses publiques (56 % du PIB).
- La dépense publique augmente, en effet, encore plus vite qu’avec François Hollande : « le taux d’évolution en valeur des dépenses publiques s’est élevé à 1,9 %, soit un rythme plus rapide que la moyenne de la période 2012-2017 (+ 1,6 %) » (Commission des finances de l’Assemblée nationale, 25 avril 2019).
- Nous sommes le pays de l’OCDE avec le taux de prélèvements obligatoires le plus important. En novembre 2018, Eurostat et l’OCDE ont indiqué que la France était n° 1 des prélèvements obligatoires (en 2017). Selon l’Insee, la France a également atteint un record historique : plus de 1 000 milliards d’euros de prélèvements obligatoires (45,3 % du PIB en 2017). En 2018, Emmanuel Macron a encore augmenté les prélèvements obligatoires à hauteur de 4,5 milliards d’euros selon le même institut.
Dans ces conditions, un État responsable procéderait à une réduction drastique de ses dépenses, lancerait une chasse sans merci à la fraude et aux gaspillages et prendrait les mesures qui s’imposent pour tarir à la source le torrent ruineux de l’immigration. L’exécutif macronien, lui, n’a nullement l’intention de serrer la ceinture des comptes publics. D’autant qu’une bonne nouvelle est venue cette semaine conforter le laisser-aller de Bercy. En nommant à la tête de la Banque Centrale Européenne, l’ancienne ministre de l’économie et des finances Christine Lagarde, le Conseil européen a voulu que soit reconduite la politique laxiste de taux d’intérêt zéro initié par le président sortant de la BCE, Mario Draghi. La France pourra de ce fait continuer d’emprunter encore et encore, servie par des taux d’intérêt négatifs (entre 0,5 % et 0,25 % depuis la mi-juin) qui lui permettent non seulement de vivre à crédit à frais nul mais au surplus de recevoir des marchés un pourboire de plusieurs milliards chaque année. Pour la cour des comptes, la décroissance des taux d’intérêt permettra d’économiser 4 milliards sur la charge de la dette (actuellement 99 % du PIB) en 2020, et selon la banque de France 8 milliards en 2022. Si la plus grande partie de ces emprunts était destinée à l’investissement en matière de Recherche ou d’infrastructures, la chose pourrait, dans ces conditions, avoir un sens et même s’avérer vertueuse. Il n’en est rien : seuls 6 % des sommes empruntées vont à l’investissement. Le reste sert à couvrir le fonctionnement de l’État qui, sans ces prêts serait en faillite, et à permettre les politiques clientélistes de ses gouvernements. Jusqu’à quand ? Les taux remonteront un jour. C’est bien sur cette échéance non datable mais inéluctable que tablent les marchés qui pour le moment considèrent la France comme un simple investissement transitoire, une sorte de banque de dépôt. Le jour viendra de refermer la parenthèse des taux négatifs. Chaque hausse de 1 % se traduira, alors, par un alourdissement de la facture de 19 milliards chaque année. Encore une minute, Monsieur le bourreau.
0 commentaires