Le « non » l’a emporté avec 55,3% des suffrages, montrent les résultats définitifs des 32 circonscriptions, un score supérieur à celui que promettaient les derniers sondages. Seuls quatre comtés, dont celui de Glasgow, la plus grande ville du pays, se sont prononcés en faveur de la sécession.
Une victoire des indépendantistes aurait mis fin à 307 ans de vie commune entre Anglais et Ecossais.
Le Premier ministre écossais, Alex Salmond, chef de file des indépendantistes, a reconnu la défaite de son camp et a appelé Londres à transférer rapidement à Edimbourg les pouvoirs élargis qu’elle lui a promis.
Dans l’après-midi, il a annoncé qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat à la tête du Parti national écossais (SNP) lors du congrès prévu en novembre et qu’il démissionnerait ensuite de son poste de chef du gouvernement autonome.
« Le temps d’occuper une fonction dirigeante est presque révolu pour moi mais la campagne pour l’Ecosse continue et le rêve ne mourra jamais », a-t-il dit.
Le Premier ministre britannique, David Cameron, qui aurait lui-même été en difficulté en cas de victoire du « Yes », a déclaré de son côté que les pouvoirs octroyés à l’Ecosse seraient renforcés d’ici janvier et que ce serait aussi le cas pour les trois autres composantes du Royaume-Uni.
Décrivant le référendum comme une « grande occasion » de changer la façon dont le royaume fonctionne, David Cameron a estimé que la question de l’indépendance de l’Ecosse était « réglée pour une génération ».
VERS UNE STRUCTURE FÉDÉRALE ?
Mais il a aussi expliqué que l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord bénéficieraient à l’avenir d’une plus grande autonomie, notamment en matière fiscale, budgétaire et dans le domaine de la couverture sociale.
« Tout comme l’Ecosse votera séparément, au Parlement écossais, sur les impôts, les dépenses et la protection sociale, l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord devront pouvoir aussi voter sur ces questions », a dit le Premier ministre.
« Tout cela doit en mettre en place avec et au même rythme que le règlement en Ecosse. »
Tout en se disant « absolument ravi » de la victoire du « non », le vice-Premier ministre britannique Nick Clegg a lui aussi reconnu que le référendum devrait être suivi par une profonde réforme constitutionnelle au Royaume-Uni.
« Nous devons maintenant octroyer sans délai et en intégralité les nouveaux pouvoirs promis à l’Ecosse. Ce référendum n’ouvre pas seulement un nouveau chapitre pour l’Ecosse au sein du Royaume-Uni mais aussi pour une réforme constitutionnelle plus large », a déclaré le chef de file des Libéraux démocrates.
« Le génie est sorti de sa bouteille », a estimé le député travailliste Peter Hain, qui a été secrétaire d’Etat pour l’Irlande du Nord et pour le Pays de Galles. Pour lui, des réformes institutionnelles sont désormais indispensables.
« Il faut admettre la réalité: nous devons nous doter d’une structure politique fédérale, avec un accord constitutionnel fixant le partage des pouvoirs entre Westminster et le reste du Royaume-Uni », a-t-il expliqué. Un projet qui soulève toutefois de nombreuses difficultés, ce qui explique que les hommes politiques ne s’y soient pas attelés jusqu’ici.
ENGAGEMENT EUROPÉEN
En levant les nombreuses incertitudes économiques que faisait peser une possible indépendance de l’Ecosse, la victoire du « non » a permis à la livre sterling de se raffermir face au dollar et aux marchés boursiers européens d’entamer la journée sur une bonne note. Après avoir gagné jusqu’à 0,65%, la Bourse de Londres gagnait encore 0,3% à la clôture.
Les agences de notation Standard & Poor’s et Fitch Ratings ont indiqué de leur côté que le scrutin écossais n’aurait aucune incidence sur la note souveraine du Royaume-Uni. (voir)
Les dirigeants européens ont également affiché leur soulagement, allant jusqu’à estimer, à l’instar du commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht, que l’Europe avait échappé à un « cataclysme ».
L’indépendance de l’Ecosse aurait encouragé le séparatisme et le nationalisme dans d’autres pays européens, ce qui aurait eu pour effet de rendre le continent « ingouvernable », a estimé le dirigeant belge.
« Si cela s’était produit en Ecosse, je pense que cela aurait constitué un séisme politique de l’ampleur de l’effondrement de l’Union soviétique », a insisté Karel De Gucht, opposé dans son propre pays aux velléités indépendantistes des nationalistes flamands.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qui avait prévenu en février qu’une Ecosse indépendante aurait du mal à rester dans l’UE, s’est également félicité de la victoire du « non » et a estimé dans un communiqué que les Ecossais avaient « réaffirmé leur engagement européen ».
Le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, qui résiste à la pression de la Catalogne pour organiser son propre référendum d’autodétermination en novembre, a parlé de son côté du « meilleur résultat pour tout le monde: les Ecossais, la Grande-Bretagne et le reste de l’Europe ».
Le président américain Barack Obama a également salué la décision de l’Ecosse de rester dans le Royaume-Uni à l’issue d’un débat « passionné mais pacifique ».
reuters
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