TERRORISME LA RADICALISATION : QUELLE RÉALITÉ DANS NOS DÉPARTEMENTS ?

20 Nov 2015 | Revue-de-Presse | 0 commentaires

Depuis la mise en place d’un plan de lutte contre la radicalisation en avril 2014, quelque 4 000 signalements sont remontés au ministère de l’intérieur. La moitié vient des préfectures, l’autre de la plateforme téléphonique nationale.

Les attentats du 13 novembre n’ont fait que confirmer ce que les attaques de janvier avaient déjà cruellement démontré : les actions terroristes perpétrées sur le sol national ces dernières années ont été menées par des équipes constituées dans leur immense majorité de ressortissants français. Au début de l’année 2014, confronté à la sidérante accélération des départs pour la Syrie de candidats au djihad, le ministère de l’Intérieur a considéré que l’action des services de renseignements (dont l’action avait par ailleurs été remise en cause par les ratés de l’affaire Merah), devait être complétée par un volet préventif. Un plan de lutte contre la radicalisation a donc été mis en place en avril 2014. Objectif : réunir dans une base centrale de données les signalements communiqués par les familles sur une plateforme téléphonique nationale (0 800 005 696) ainsi que les remontées d’informations en provenance des préfectures. Après une année de fonctionnement, ce plan national a livré ses premières données chiffrées au printemps. Le Dauphiné Libéré a pu se procurer des éléments précis, qu’il publie aujourd’hui, département par département.
« Détecter les comportements à risques »

« Depuis l’affaire Merah, nous avons changé de logiciel dans la façon d’appréhender la radicalisation », expliquait cet été le préfet Pierre N’Gahane, chargé, au ministère de l’Intérieur, du volet préventif de ce dispositif. « Parallèlement au volet judiciaire, considérablement renforcé ces derniers temps, nous avons beaucoup travaillé sur des critères de basculement dans la radicalisation. Nous avons formé des gens, notamment dans la fonction publique, à détecter les comportements à risques en amont, de façon à pouvoir les traiter avant un passage à l’acte ».

Les quelque 4 000 signalements de cas de radicalisation communiqués dans le cadre de ce plan l’ont été pour moitié par les préfectures et pour l’autre par la plate-forme téléphonique. Toutes les préfectures sont dotées d’une cellule de traitement de la question, les informations étant ensuite communiquées à l’UCLAT (Unité de coordination de la lutte anti-terroriste). De même, les informations données par les familles sur la plateforme téléphonique nationale sont ensuite analysées et, si besoin, transmises à la Direction générale de la surveillance intérieure (DGSI).
Dispositif d’accompagnement

Ces derniers éléments sont également communiqués au préfet concerné, qui alerte les parquets de son ressort. « Un certain nombre de décisions, y compris de surveillance, sont alors prises en fonction de chaque dossier », explique un bon connaisseur de l’anti-terrorisme. « L’objectif de ce plan est également d’accompagner les familles concernées, et de mettre en place une cellule de suivi pour les aider à faire sortir leur proche du piège de la radicalisation. Nous avons affaire à des familles qui se trouvent dans une détresse totale : le ciel leur tombe sur la tête et elles sont démunies. Nous tentons donc de les accompagner psychologiquement. Un important travail reste à accomplir sur ce point », explique Pierre N’Gahane.

Ces « cellules de suivi », rassemblant des acteurs « non répressifs », ont pour but de faire adhérer la personne radicalisée au dispositif d’accompagnement. « Il faut reconstruire ces personnes, les réinsérer dans un parcours normal. C’est ce que nous tentons de faire. C’est un gros travail »…
Par Denis MASLIAH | Publié le 19/11/2015 à 06:07   Source : http://www.ledauphine.com/

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