Anne Sophie Leclere fait partie de ces citoyens engagés qui ont décidé de s’investir en politique sous l’étiquette du Front National. C’était en 2013, lors de la campagne pour les élections municipales, dans la petite ville des Ardennes où elle était commerçante. Elle avait accepté de participer à un reportage de France 2, dans le cadre de l’émission Envoyé Spécial, pour témoigner de son engagement, sans se douter que dès lors, sa vie allait basculer brutalement.
Au centre de cette affaire, qui allait rapidement déboucher sur un déferlement médiatique et un véritable parcours du combattant judiciaire, la publication sur un réseau social d’un photomontage illustrant Christiane Taubira, alors garde des sceaux largement contestée, à côté d’un singe juvénile déguisé en humain. Il n’en fallait pas plus pour soulever la vague de boucliers des apôtres de la victimisation à outrance et réveiller les vieux poncifs d’un prétendu racisme ordinaire. On en aurait presque oublié la toute puissance de Christiane Taubira face au modeste statut d’Anne Sophie Leclère, se battant localement pour présenter une liste dans sa commune. Une toute puissance qui allait toutefois s’exprimer pleinement, et dont allait faire les frais Anne Sophie Leclère.
Nous l’avons rencontrée lors du rassemblement des comités Jeanne organisé par Jean-Marie Le Pen le 21/01/2017 à Palavas-Les-Flots. L’occasion de revenir sur son parcours, et de faire le bilan sur sa situation.
Pouvez-vous nous dire les raisons pour lesquelles vous avez décidé de vous engager en politique ?
A-S Leclere : J’aime la politique, je m’y suis toujours intéressée, jusqu’au jour où je me suis dit qu’il était temps de m‘investir près de chez moi. J’ai donc pris ma carte d’adhérente au FN, malgré la réticence de mon mari qui me disait : « ça sert à rien ! ».
Quel est votre sentiment quant au comportement des journalistes de France Télévision au cours du reportage vous concernant ?
Un sentiment de trahison, je ressens presque de la haine envers cette journaliste, si l’on peut l’appeler ainsi, pas un seul instant elle n’a réfléchi aux conséquences, elle a détruit 3 années de ma vie familiale et sociale.
Lorsque vous vous êtes retrouvée au centre de la vive polémique suscitée suite à la diffusion du reportage, comment l’avez-vous vécu personnellement ?
C’est simple, j’ai fait une dépression pendant plus de 2 mois.
On m’a fait porter un costume trop large pour moi.
J’ai passé deux mois de ma vie à pleurer, à rester enfermée, à avoir peur de tout, de sortir, de voir du monde, j’avais peur du regard des autres, je n’avais plus goût à rien. J’ai perdu mon emploi, les médias m’ont fait passer pour une personne raciste, antisémite, sans coeur et une blonde avec deux neurones.
Vous aviez rejoint le Front national en 2012. Quelle a été la réaction de votre parti, et qu’en pensez-vous ?
La réaction de Madame Marine Le Pen et quelques personnes de son entourage ont été très violentes à mon égard.
Le jour suivant le reportage sur France 2, Nicolas Bay m’a contactée le matin très tôt, me disant de ne répondre à aucune question venant de journalistes, ou appels téléphoniques. Me sentant plus que stressée, il m’a rassurée en me disant de ne pas m’en faire, qu’il fallait laisser l’orage passer, que les journalistes allaient se calmer, et que la direction du parti allait faire une conférence de presse. Malheureusement j’ai été encore une fois trop naïve, et je l’ai écouté.
Avec le recul, j’aurais dû réagir immédiatement et me défendre devant les medias, je n’aurais jamais dû rester dans l’ombre, au lieu de cela le parti l’a fait à ma place, mais pas pour me défendre bien au contraire, ils m’ont appuyé la tête sous l’eau, au nom du politiquement correct.
Le 3 décembre 2013, je me suis rendue à la convocation du conseil disciplinaire du FN à Nanterre. Malgré le refus de certains du bureau de la commission de m’exclure, Marine Le Pen a pris la décision seule, la sentence est tombée : EXCLUSION.
Alors que dans les statuts du parti, il est inscrit qu’elle devait uniquement me suspendre en attendant la fin des poursuites judiciaires, et la réintégration s’il n’y a pas de condamnation, ce qui est le cas grâce à mon avocat : Maître Triomphe.
Mais mon affaire étant trop médiatisée, ce fut une exclusion définitive.
Pouvez-vous revenir sur le parcours judiciaire qui fut le vôtre, suite à la diffusion de ce reportage, et faire un point sur la situation ?
Cela a été un peu chaotique, surtout pour une personne qui n’a jamais mis les pieds dans un tribunal, mais toute la partie judiciaire de mon affaire est dans mon livre. Il y a tant à dire que je ne peux pas vous en parler dans l’interview cela serait trop long, et je m’en excuse, ce que je peux vous dire c’est que j’en ai enfin fini avec la justice, j’ai été condamnée à 3.000 euros d’amende avec sursis en septembre dernier après trois ans de stress permanent.
Quelles sont les conséquences de ces mésaventures sur votre vie quotidienne ?
Les conséquences directes sont simples : j’envoie des dizaines de curriculum vitae par semaine depuis des mois et la réponse est toujours la même c’est NON.
our vous donner un exemple, une grande enseigne de Witry les Reims à 30 km de chez moi recherchait en novembre dernier un ou une conseiller(e) dans le rayon des articles de pêche. Ayant géré pendant 10 ans un commerce d’articles de pêche, j’ai envoyé un CV, la réponse du directeur a été « désolé vous n’avez pas assez d’expérience » !
A l’heure actuelle, mon nom est encore bien trop ancré dans la tête des gens et cela va me poser un réel problème pour la suite.
Regrettez-vous, avec le recul, de vous être engagée en politique ?
Non, jamais je ne regretterai de m’être investie en politique, j’aime le milieu de la politique où j’apprends énormément, même si beaucoup ne comprennent pas ma position ou ma façon de voir les choses.
Comment envisagez-vous l’avenir ? Quels sont vos projets, vos espoirs ?
Dans un premier temps, trouver un emploi rapidement. En ce qui concerne la politique, peut-être m’investir pour les législatives aux côtés de Monsieur Jean Marie Le Pen. Je suis et resterai fidèle à Monsieur Le Pen, tout comme il l’a fait pour moi. J’en profite pour le remercier encore une fois !
Je tiens à souligner que j’ai écrit un livre qui résume mon parcours depuis mon entrée au FN jusqu’aux affaires judiciaires, c’est l’occasion pour moi d’expliquer ce que j’ai réellement vécu : le bon comme le mauvais. Ce livre devrait sortir dans quelques semaines.
Propos recueillis par Sébastien JALLAMION
Source : http://ripostelaique.com/depuis-la-mediatisation-de-mon-affaire-je-ne-retrouve-pas-de-travail.html
0 commentaires