L’éleveur ne supportait plus les contrôles qui altéraient son métier. Cet éleveur bovin de 37 ans, originaire de Trivy, commune de Saône-et-Loire, était un agriculteur atypique, cultivé et intelligent.
Mais il était surtout un homme poussé à bout qui ne s’était jamais relevé d’un incident survenu le 6 juin 2016.
Il avait confié au Journal de Saône et Loire :
« Ce jour-là des fonctionnaires de la direction départementale de la protection des populations procédaient à une identification de mes bovins dans leurs pâtures.
Mais les bêtes paniquent et une vingtaine d’entre elles se précipitent dans un ruisseau. Cinq n’y survivront pas.
Plus tard, on m’a demandé de ne rien dire concernant ces bêtes pour que mon dossier soit régularisé. »
Voilà comment il expliquait ses griefs face à une administration tatillonne et persécutrice. Griefs qui, pour lui, touchaient toute sa profession :
« Mon cas est anecdotique, mais il illustre l’ultra-réglementation qui conduit à une destruction des paysans.
Les dossiers de la politique agricole commune sont devenus tellement compliqués que les paysans payent des gens pour faire leurs déclarations.
Ils perdent ainsi la main sur leurs propres exploitations. »
??” Quelques lignes plus loin, il n’hésitait pas à nommer les responsables :
« L’hyper-administration n’apporte rien aux agriculteurs, sinon de l’humiliation et des brimades. Cela ne rapporte qu’aux marchands et aux intermédiaires. »
Il était patent que l’éleveur ne supportait plus les contrôles qui altéraient son métier.
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Ce samedi 20 mai se déroulait, à Cannes, la montée des marches pour l’équipe du film 120 battements par minute.
Pour l’occasion, les acteurs et le réalisateur sortant de leur Rolls s’exhibaient en smoking, les comédiennes parfaitement maquillées exposaient aux paparazzis massés en grappe leurs corps harmonieux moulés dans des robes de grands couturiers.
Canal+ et les autres télés étaient là elles aussi, là où il fallait être, là où séjournerait durant quinze jours l’actualité.
Pendant ce temps, dans la Saône-et-Loire profonde, un homme fuyait. Jérôme avait laissé sa maison proprette aux volets bleus pour prendre le maquis à bord de sa vieille voiture.
Il avait foncé neuf jours plus tôt avec son tracteur sur les gendarmes lors du énième contrôle de son exploitation.
Hélas, ce 20 mai il n’y avait pas de tapis rouge sur le sentier et les deux gendarmes face à lui ne formaient pas de haie d’honneur comme à Cannes mais requéraient son arrestation.
Que s’est-il passé ? L’enquête nous le dira mais, coincés sur le chemin, les militaires, voyant débouler la voiture, ont fait feu.
Selon Le Parisien, la balle tirée vers le véhicule a ricoché et sectionné une artère, provoquant une hémorragie fatale. Le SAMU n’a pu ranimer le trentenaire.
Un homme de la terre est mort, un homme qui ne mobilisera aucun artiste comme Adama Traoré, un homme qui n’enflammera pas les rues de Trivy ni n’entraînera d’attaque de la gendarmerie.
Pendant ce temps, le réalisateur Robin Campillo, le comédien Nahuel Pérez Biscayart et l’actrice Adèle Haenel gravissaient tout sourire les marches du Palais des Festivals.
Symboles du politiquement correct, ils représentaient un film sur le combat des militants d’Act Up Paris face au SIDA. Un film encensé par les critiques bien-pensantes.
Quelle confrontation, ce dualisme entre une « œuvre » médiatisée à outrance conçue pour « ceux d’en haut » et un drame des campagnes, dont le journal de 12 h 30 de FR3 n’a même pas daigné parler.
Il faut dire que le sort de « ceux d’en bas » n’attire pas le feu des sunlights.
Jérôme, c’est le drame d’un « cul terreux », pas de quoi faire un bon sujet de long métrage. http://www.bvoltaire.fr/
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