Le Parti de la France aux législatives en Normandie

6 Juin 2017 | Editorial | 0 commentaires

Dans de nombreuses circonscriptions, les électeurs d’extrême droite auront l’embarras du choix avec différents partis qui présentent des candidats en Normandie. Pour quelle issue ?

Si l’heure est au chamboule-tout politique et à la recomposition des partis, l’extrême droitefrançaise n’échappe pas à la règle. En Normandie, différents partis de cette mouvance positionnent des candidats pour les élections législatives des 11 et 18 juin 2017.

L’ancien bras droit de Jean-Marie Le PenCarl Lang (Parti de la France), se présente de même que plusieurs de ses militants en Normandie. Debout la France a également positionné des candidats. Des stratégies parfois divergentes qui pourraient venir heurter les ambitions parlementaires du Front National (FN).
CARTE : La Normandie compte 347 candidats aux législatives. Tout savoir sur les enjeux des 11 et 18 juin 2017, circonscription par circonscription  grâce à notre carte interactive.
Que pèse l’extrême droite en Normandie ?

Le parti de Marine Le Pen présente des candidats dans les 28 circonscriptions de Normandie. Au soir du premier tour de l’élection présidentielle, le FN était arrivé en tête en Normandie, avec près de 24% des voix.
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Marine Le Pen a obtenu ses meilleurs scores en Seine-Maritime (24,90%) et surtout dans l’Eure(29,31%). Autant dire qu’il est attendu au tournant lors de ces élections législatives. Mais, il n’est pas seul à se positionner sur le credo patriotique.

Son allié depuis l’entre-deux-tours de la présidentielle, Debout la France présente des candidats dans onze circonscriptions de Normandie. Lors des élections régionales de 2015, le parti de Nicolas Dupont-Aignan avait remporté 4,14% des suffrages.

Un parti peu connu a bien l’intention de tirer son épingle du jeu. Le Parti de la France de Carl Lang, présente dix candidats en Normandie, soit presque autant que Debout la France. L’ancien secrétaire général du Front National, se présente dans la 5e circonscription de l’Eure. En face de lui : un candidat FN et un autre de Debout la France. Carl Lang avait obtenu 1,09% des voix dans sa circonscription aux législatives de 2012.
« Une ligne de droite nationale »

Le parti de Carl Lang est soutenu directement par le fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen. Carl Lang dit vouloir « développer une ligne de droite nationale ». Son objectif est « d’offrir une alternative aux électeurs du Front National qui sont déçus par la ligne du FN et qui ont trouvé lamentable la prestation de Marine Le Pen face à Emmanuel Macron ». Les noms d’oiseaux volent entre les militants de Carl Lang et ceux de Marine Le Pen. « Je mène une campagne contre l’islamisation de la France, thème qui n’est pas abordé par le FN », assure Carl Lang, interrogé par Normandie-actu.
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Carl Lang, ancien homme fort du Front National

Les scissions au sein du Front National ne sont pas récentes. Tout à commencé à la fin des années 1990, avec le départ de Bruno Mégret. « Plusieurs courant étaient entrés en dissidence avec Jean-Marie Le Pen. Certains ont considéré que le fondateur du FN était un élément bloquant pour accéder au pouvoir. Dès cette époque, il était question de dédiabolisation du Front National », rappelle à Normandie-actu l’un des spécialistes de l’extrême droite Erwan Lecoeur (Un néo-populisme à la française. Trente ans de Front national, éd. La Découverte).

armi les dissidents, on retrouve Carl Lang, ancien cadre du FN. « On l’appelait le Japonais en interne, tellement il était un bon en organisation à défaut d’être un grand orateur », précise Erwan Lecoeur. Carl Lang, c’est « une forme d’identitarisme avec une vision très libérale de l’économie », pointe le docteur en sociologie :

Bruno Mégret et Carl Lang avaient une stratégie de rassemblement de la droite patriotique, qui avait pour vocation de rassembler tout ceux qui ne se reconnaissaient pas en Jacques Chirac, à l’époque, devenu centriste. Ils avaient l’ambition de constituer un parti qui pouvait peser jusqu’à 30% de l’électorat.

Une vision identitariste, à droite toute, qui ne correspond pas à la ligne voulue par Marine Le Pen « qui a fait le choix du ni droite ni gauche, pensant que c’est le moyen d’accéder au pouvoir », précise Erwan Lecoeur.

Aujourd’hui, le Parti de la France de Carl Lang ne pèse plus grand chose, tant sur la scène politique que médiatique. « C’est compliqué d’exister tant que le FN est fort », constate l’auteur d’Un néo-populisme à la française.
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« Marine Le Pen est confrontée à des contestations internes et externes »

Le Parti de la France s’est allié avec les Comités Jeanne (Jeanne, au secours !) de Jean-Marie Le Pen, le mouvement Civitas (parti politique de la mouvance catholique intégriste) et le mouvement Souveraineté, identité et liberté (Siel). Cette union des patriotes présente 162 candidats en France, aux élections législatives, dont 52 du Parti de la France. Une opposition au Front National qui n’est pas négligeable pour Erwan Lecoeur :

C’est gênant d’avoir une contestation qui commence à se coaliser. Au Front National, toute contestation est insupportable. Marine Le Pen est confrontée à des contestations internes et externes. Il y a des flous qui peuvent empêcher des triangulaires ou quadrangulaires, qui seraient favorables au Front National. En cas de duel, le FN perd à tous les coups.

Regrettable division du camp des patriotes

Même s’il trouve « dommage cette division du camp des patriotes », Nicolas Goury, cadre de la fédération Seine-Maritime du Front National, ne s’inquiète pas trop pour ces législatives.

Debout la France se présente contre nous au premier tour, mais c’est normal : les alliances se font au second tour. Dans le cas où un candidat Debout la France sera le mieux placé, nous nous retirerons et inversement. L’élection législative permet aux petits partis d’exister et d’avoir des financements, c’est plutôt sain pour la démocratie.

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Concernant le Parti de la France de Carl Lang, « nos bras lui sont grands ouverts s’il s’engage à nous soutenir sur le programme ». Mais depuis toutes ces années de brouille, la rupture est largement consommée.

Au moins, pour ces élections législatives, les électeurs, toutes tendances confondues, ne pourront pas se plaindre d’un manque de choix.
spurce : actu.fr

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