Alors que s’ouvre le séminaire de refondation du FN à Nanterre, les griefs s’accumulent contre le numéro 2 du parti, qui rend les coups à fleuret moucheté. Marine Le Pen est contrainte de jouer les casques bleus.
C’est un chantier qui n’a pas attendu l’ouverture du séminaire de refondation du FN qui s’ouvre ce vendredi après-midi à Nanterre: la remise en question de l’influence de Florian Philippot au sein du cercle dirigeant du parti. Invité ce vendredi matin sur BFM TV, le bras droit fragilisé de Marine Le Pen tente de temporiser les critiques qui le visent, lui et son entourage, depuis «le lancement-surprise» de son association politique les Patriotes: «Il peut toujours y avoir au Front National deux trois rageux ou jaloux, qui vont faire une question de personne». Des «rageux» qui n’hésitent plus à se manifester au grand jour, à l’image du successeur de son ex-principale concurrente Marion Maréchal-Le Pen, Hervé de Lepinau. Alors que Philippot souhaite désormais «sortir de l’autoflagellation» «rassemblé, positif, enthousiasmant, conquérant», le candidat malheureux dans le Vaucluse rétorque: «L’enthousiasme, ça se vit, ça ne se décrète pas».
Dans une tribune publiée ce vendredi sur le site Boulevard Voltaire, le conseiller départemental Front National du Vaucluse attaque: «Alors qu’on serait en droit d’attendre une autocritique sur le fond, puisque les derniers scrutins ont été un échec, c’est une remise en cause de la forme qui est proposée, avec pour ligne directrice le maintien de la sortie de l’euro, doctrine qui ne peut souffrir aucune critique et qui, selon son concepteur, n’aurait pas pesé dans la défaite». Pire selon lui, Marine Le Pen «n’a cessé de perdre des points, semaine après semaine», «sans que ceux chargés de la stratégie et de la communication ne corrigent en temps voulu ce qui devait être corrigé pour mettre un terme à cette dégringolade».
Brocarder la double-monnaie pour sauver la sortie de l’Euro
Un état de fait à nouveau illustré par Florian Philippot sur BFM ce vendredi. Selon lui, c’est «le projet peur» véhiculé par les médias qui ont brouillé le message sur la sortie de l’Euro, et pas la mesure. En somme, la forme et pas le fond. « Abandonnons cette histoire de double monnaie. À la fin de la présidentielle, ça a été complètement incompréhensible et à juste titre. Déjà, économiquement, ça me semble complètement hasardeux, donc je pense qu’il faut l’abandonner. Il faut faire simple», affirme même le numéro 2. Une attaque en règle contre le programme économique du FN qu’il défendait quelques mois plus tôt.
En avril, dernier, en pleine campagne présidentielle, alors que la ligne frontiste sur le retour au franc n’imprimait pas dans l’opinion, l’état-major de campagne avait mis l’accent sur la piste de la double monnaie pour tenter de rassurer, en vain. En interne, les économistes du FN comme Jean-Richard Sulzer et Bernard Monnot jugent que Florian Philippot a aggravé les craintes en caricaturant cette mesure dans les médias. La nouvelle sortie du jour ne devrait rien apaiser, d’autant que le 9 mai dernier, le même Philippot assurait que le FN n’avait jamais proposé de passage à une double monnaie.
our beaucoup, cette question de la souveraineté monétaire a pris le pas sur les autres fondamentaux du FN, et l’influence presque exclusive de Florian Philippot sur Marine Le Pen est responsable. Mais cette influence est également dénoncée à d’autres titres. Ainsi Le Point relate-t-il la journée de préparation du fameux débat de l’entre-deux-tours. Selon l’hebdomadaire, c’est cette fois le frère de Florian Philippot, Damien, qui aurait contribué persuader Marine Le Pen de jouer la stratégie de surenchère offensive, avec le concours de Philippe Olivier. «Je lui ai recommandé, dans une stratégie de challenger qu’elle était, d’essayer évidemment pas d’être agressive, mais à l’offensive, ça allait de soi», confirme le premier. En interne, beaucoup estiment que cette séquence a ruiné la stature de présidentiable de Marine Le Pen.
Philippot, «l’objet sacrificiel»
Les griefs s’accumulent et les concurrents aussi. Le principal d’entre eux reste Nicolas Bay, secrétaire général du FN, engagé dans un conflit ouvert contre Sophie Montel, l’une des proches de Philippot, comme l’a révélé ce jeudi cette dernière. Loin du débat sur la sortie Euro, il a fixé sur France Info les chantiers qui lui semblent plus urgents: «La priorité c’est de défendre la sécurité de la France, son identité». Mais d’autres prennent également leurs distances, à l’image de Sébastien Chenu, qui a dit de Florian Philippot, «qu’il est un idéologue qui confond politique et téléréalité» rapporte la journaliste Raphaëlle Duchemin. «Je ne crois pas que Sébastien ait dit ça. Je ne l’ai pas vu en tout cas. Je ne sais pas quel sens ça aurait. Moi je ne suis jamais dans l’attaque personnelle, je pense que c’est contre-productif? Il faut que nous ayons un mouvement rassemblé. On peut être différents, avoir des histoires différentes, mais je pense qu’il faut que l’on soit unis», a encore voulu éluder l’élu mosellan, sur BFM TV.
«On doit sortir de ce séminaire rassemblés, conquérants, unis», plaide Philippot, sous le feu des critiques. Bien que tout ait été mis en place pour éviter le règlement de compte personnel lors du séminaire de ce weekend, Marine Le Pen elle même ne ménage pas ses efforts pour tenter de limiter les dégâts, et que la refondation annoncée ne vire pas un peu plus à la foire d’empoigne. «Florian est l’objet sacrificiel de cette présidentielle, mais chacun a sa part de responsabilités dans ce qui est arrivé», a-t-elle déclaré la semaine dernière, dans les colonnes de Paris Match.
source: Le Figaro.fr
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