Depuis 2009, l’association Regards Citoyens accomplit un travail statistique remarquable de suivi de l’activité des parlementaires qui mériterait d’être reconnu d’utilité publique. Début août pourtant, les trois députés questeurs de l’Assemblée nationale – élus par leurs pairs – ont suggéré à ces bénévoles de suspendre leur site au motif qu’il nourrirait l’antiparlementarisme.
David Gayou, administrateur chez Regards Citoyens, confie son incompréhension.
Capital : L’échange téléphonique que vous avez eu avec les questeurs Laurianne Rossi (EM), Florian Bachelier (EM) et Thierry Solère (LR) ne s’est pas déroulé comme prévu…
David Gayou : C’est le moins que l’on puisse dire. Nous avions imaginé cette conversation comme un échange constructif. Nous voulions évoquer leurs propositions pour améliorer la transparence dans les deux assemblées. Mais aussi écouter leurs points de vue sur notre site et les axes d’amélioration possibles. Finalement, nous n’avons abordé aucun thème prévu et le rendez-vous s’est très mal passé.
C’est à dire ?
ll n’y a pas eu de menace explicite, mais les administrateurs de Regards Citoyens présents à cet échange l’ont ressenti comme une atteinte à l’indépendance de l’association, avec une forte tension tout au long de l’entretien. En résumé, les questeurs nous ont fait comprendre qu’à leurs yeux l’Assemblée fonctionnerait mieux sans notre travail associatif et ont même été jusqu’à suggérer une suspension de plusieurs mois de notre site.
Comment expliquez-vous une telle réaction ?
Nous ne voulons pas faire de procès d’intention. Il peut arriver que notre site NosDéputés.fr soit mal interprété : nous ne rendons compte que des informations effectivement publiques, notamment les prises de parole et la présence aux réunions de commissions, mais pas de la présence en hémicycle. Plusieurs députés se sont fait interpeller sur les réseaux sociaux sur leur supposé absentéisme alors qu’ils sont bien venus en séance pour voter mais ne sont que peu intervenus. Ces députés peuvent dès lors avoir le sentiment que leur travail est mal reflété… Les questeurs ont ainsi qualifié notre site de « système pervers », qui nourrirait « l’antiparlementarisme » et les « trolls parlementaires ». Ces propos outranciers nous ont poussé à publier sur notre site le courrier de réponse que nous leur avons adressé : il nous semble important de prendre l’opinion publique à témoin, face à ce type d’intimidations. A ma connaissance, c’est la première fois qu’un tel incident se produit depuis notre création.
Justement, dans cette lettre vous rappelez vos propositions pour améliorer la transparence parlementaire. On retrouve notamment la question de l’opacité de l’activité des… questeurs…
Suite et source : capital.fr
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