Vendredi 6 octobre, le Haut comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM), composé de neuf personnalités indépendantes (conseillers d’État, généraux et dirigeants d’entreprise) nommées pour quatre ans par décret du président de la République, a rendu public un rapport dénonçant les problèmes de l’armée française.
A l’heure où l’armée, mobilisée sur tous les fronts, a d’importants besoins en ressources humaines, “la fidélisation (des soldats) constitue un défi de première importance”, indique vendredi 6 octobre, le 11e rapport thématique du Haut comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM). En cause : des conditions de vie au sein de l’institution et de la concurrence du privé. Intitulé “La fonction militaire dans la société française”, le texte pointe des “facteurs négatifs” qui “pèsent sur le moral” des militaires et leur envie de rester dans l’institution : “difficulté à concilier vie militaire et vie personnelle, manque de moyens, crainte d’une perte de compétences techniques et tactiques, lassitude face aux difficultés rencontrées en matière de soutien et d’environnement (infrastructure et hébergement)”.
Manque d’entraînements et dégradation des infrastructures
Affirmant que les militaires s’estiment insuffisamment entraînés faute d’équipements disponibles en métropole du fait des multiples engagements en opérations extérieures (Opex), le HCECM explique également que 20% des pilotes de l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) n’ont pas effectué un nombre d’heures de vol suffisant pour mener une “mission de guerre ». En outre, selon le Haut comité, moins de 60% des équipages d’avions de transport tactique sont qualifiés pour l’atterrissage en terrain sommaire.
“Les militaires ont le sentiment de ne pas avoir les moyens suffisants pour s’entraîner et redoutent une baisse de leurs capacités opérationnelles”, prévient le rapport. Les soldats “souffrent” aussi de la dégradation des infrastructures immobilières et conditions d’hébergement, affirme le HCECM, qui ajoute que près de 80 centres de restauration sur 350 devront fermer pour non-conformité s’ils ne sont pas rapidement modernisés.
“De faibles taux de renouvellement de contrat”
Concernant les recrutements, le HCECM indique qu’il est difficile de fidéliser fusiliers marins et fusiliers commandos de l’air, chargés d’assurer la protection des bases. “Le caractère aride, fatigant et répétitif de leurs missions conduit à de faibles taux de renouvellement de contrat (50% pour les fusiliers marins et 30% pour les fusiliers commandos de l’air) alors que le risque terroriste renforce le besoin en protection-défense et donc en effectif de fusiliers”, déplore l’état-major. Il constate également la « forte » concurrence du secteur privé “pour des spécialités de haute technicité” car les militaires y sont mieux payés et bénéficient de conditions de vie plus attractives.
In fine, le HCECM propose de créer plus de passerelles entre armée et fonction publique. “Les missions et les responsabilités gagneraient à être en partie exercées par d’anciens militaires”, note l’état-major. De la même manière, il propose la mise en place d’un dispositif obligatoire “d’une durée significative” avec une expérience dans une unité, pour les futurs cadres et dirigeants de l’État durant leur scolarité, notamment à l’École nationale d’administration (ENA). Ainsi, ils connaitraient mieux l’institution militaire, selon HCECM.
Source : valeursactuelles
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