Les Chinois continuent de grignoter des champs français

25 Nov 2017 | Revue-de-Presse | 0 commentaires

Un groupe chinois spécialisé dans les équipements pétroliers a racheté 900 hectares de terres dans l’Allier, principalement cultivés en blé et en maïs. – AFP
DES INVESTISSEURS CHINOIS ONT ACQUIS 900 HECTARES DE TERRES AGRICOLES DANS L’ALLIER, APRÈS AVOIR ACHETÉ 1.700 HECTARES DANS L’INDRE IL Y A DEUX ANS.

Après le Berry, le Bourbonnais. Une partie des investisseurs chinois qui avaient acheté il y a deux ans 1.700 hectares de terres agricoles dans l’Indre ont étendu leur propriété en acquérant environ 900 hectares dans l’Allier, a indiqué mercredi la Fédération nationale des Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer).

L’acte d’achat a en réalité été signé l’été dernier par China Hongyang, un groupe spécialisé dans les équipements pétroliers, qui a repris 98 % des parts d’une société agricole, propriétaire de parcelles principalement cultivées en blé et en maïs.
Une méthode pointée du doigt

Cette transaction, dont la rumeur  courait depuis quelques semaines, fait grincer des dents. En ne reprenant pas 100 % des parts, les acheteurs ont pu contourner le contrôle des « gendarmes des terres agricoles », les Safer, chargées de veiller au grain lors des ventes d’exploitations.

Déjà utilisée il y a deux ans dans l’Indre, cette méthode avait suscité l’émoi. Jusqu’à conduire au vote d’une loi, en janvier dernier, pour mieux réguler les rachats de terres par des industriels étrangers – en partie retoquée par le Conseil constitutionnel. Sauf que l’intervention des Safer (qui va jusqu’à un droit de préemption) reste conditionnée au fait que la transaction doit porter sur la totalité des parts d’une société civile.
Phénomène d’« accaparement des terres »

Pour Emmanuel Hyest, président de la Fédération nationale des Safer, « il y a une faille dans le système et, tant qu’on n’aura pas bouché le trou, les choses peuvent continuer », a-t-il regretté. Il y voit une nouvelle manifestation du phénomène d’« accaparement de terres », qui conduit à une « financiarisation » de l’agriculture.

En 2016, rappelle-t-il, entre 15 et 20 % des terres agricoles françaises  étaient détenues par des sociétés.  Celles-ci sont souvent créées par les agriculteurs eux-mêmes, mais de plus en plus d’acteurs s’intéressent à ces terrains, par exemple des groupes de grande distribution souhaitant devenir producteurs.
Intérêt chinois

La majorité d’entre eux sont Français, mais la nationalité des acquéreurs des 900 hectares dans l’Allier ajoute une couche d’inquiétude aux yeux des élus locaux. Réclamant un durcissement de la loi, le député communiste  Jean-Paul Dufrègne a estimé, dans « La Montagne »,  qu’il faut « couper cette route vers la Chine ». « Ce dossier pose les questions du marché de la terre agricole, mais aussi de la sécurité alimentaire du pays », estime-t-il. En France, la taille moyenne d’une exploitation est de 100 hectares.

L’intérêt chinois pour l’agriculture française reste toutefois limité comparé à d’autres pays (Afrique, Asie…), mais ne se limite pas aux terres : ces dernières années, des investisseurs ont investi dans plusieurs sociétés agroalimentaires tricolores, notamment  laitières, tandis que quelques propriétés viticoles passaient sous pavillon chinois.

 
POUR ALLER PLUS LOIN

Pierre Demoux @pdemoux       Source : lesechos

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