La Hongrie aux urnes, test de popularité pour Orban

8 Avr 2018 | Revue-de-Presse | 0 commentaires

Les Hongrois votaient en masse dimanche à l’occasion d’élections législatives où le Premier ministre sortant, Viktor Orban, icône des droites populistes européennes, est donné favori pour remporter un troisième mandat d’affilée, malgré un possible recul dans les urnes.

« L’avenir du pays est en jeu. Nous ne nous contentons pas d’élire les partis, le gouvernement et le Premier ministre, mais nous choisissons aussi l’avenir du pays », a déclaré M. Orban après avoir voté très tôt à Budapest.

Crédité d’une avance de 20 à 30 points dans les sondages et avantagé par un mode de scrutin à un tour combinant majorité simple par circonscription et proportionnelle, le parti national-conservateur Fidesz du dirigeant hongrois est assuré d’arriver en tête, selon les experts.

Mais la mobilisation particulièrement forte des électeurs depuis le début de la journée interrogeait sur l’ampleur de la victoire promise : M. Orban avait remporté en 2010 et 2014 une « super-majorité » au Parlement. Il pourrait cette fois devoir se contenter d’une majorité relative, qui serait un sérieux revers pour lui.

Au pointage de 15H00 (13H00 GMT), la participation affichait une hausse de plus de huit points par rapport à la même heure en 2014, à 53,6%, une évolution considérée par les analystes comme défavorable au Fidesz.

Quelque 7,9 millions de Hongrois sont appelés à prendre part à ce scrutin qui s’achèvera à 19H00 (17H00 GMT). En l’absence de sondages à la sortie des urnes, les premières projections ne seront connues que plus tard dans la soirée.

« La logique veut que le Fidesz gagne, mais il y potentiellement de la surprise dans l’air », a estimé pour l’AFP le politologue Gabor Torok.

« Je vote pour le Fidesz, qui d’autre ? », a confié à l’AFP une électrice retraitée, Karin, qualifiant Vikor Orban de « bénédiction ». A l’inverse, Gergely, 73 ans, a donné sa voix à l’opposition jugeant que « la seule place possible pour Orban est le banc d’entraîneur de l’équipe de football de Felcsut », son village d’origine où des millions ont été investis dans des équipements dédiés à ce sport, sa passion.

– Lassitude ? –

La gauche et le parti d’extrême droite Jobbik, qui a modéré son discours, espèrent capitaliser sur la lassitude d’une partie des électeurs envers les diatribes de M. Orban, 54 ans, contre la « menace » migratoire et contre le milliardaire George Soros, obsessions de sa campagne.

L’opposition a fait campagne en dénonçant le clientélisme, la déliquescence des services publics et un pouvoir d’achat insuffisant qui, malgré un taux de chômage au plus bas (3,8%), conduit de nombreux Hongrois à s’expatrier.

Le Fidesz a essuyé en février un sérieux coup de semonce : un candidat unique de l’opposition, Peter Marki-Zay, avait alors remporté à la surprise générale des municipales dans un fief réputé imprenable du Fidesz, Hodmezovasarhely.

« Il y a clairement une ambiance de changement de système », a estimé dimanche M. M. Marki-Zay, devenu une des voix les plus écoutées de la campagne.

M. Orban n’a depuis cette alerte cessé d’agiter le spectre d’une possible défaite de son camp, synonyme selon lui de chaos migratoire et de victoire d' »ennemis » qui « veulent déposséder » les Hongrois de leur pays. Il a notamment rappelé que, donné favori à l’issue de son premier mandat (1998-2002), il avait dû s’incliner aux législatives.

Admiré par les droites populistes européennes, honni par ceux qui l’accusent de dérive autoritaire, M. Orban, devenu le fer de lance de la lutte contre l’immigration en Europe, entend rendre « irréversibles » les changements impulsés depuis son retour au pouvoir en 2010.

– Admirateur de Poutine –

Admirateur revendiqué du président russe Vladimir Poutine et chantre d’une démocratie « illibérale », il a assumé un style de gouvernement limitant certaines libertés au nom de l' »intérêt national », reprise en main de l’économie, des médias et de la justice à la clé.

L’opposition et de nombreux observatoires internationaux accusent ces réformes d’avoir porté atteinte à l’Etat de droit et entraîné un recul des valeurs démocratiques.

Le dirigeant a aussi multiplié les bras de fer avec l’Union européenne, notamment sur la question migratoire. Des procédures d’infraction ont été ouvertes contre Budapest en raison notamment de lois renforçant le contrôle sur les organisations de la société civile.

Malgré son opposition à une intégration renforcée de l’UE, M. Orban n’a cependant jamais menacé de quitter l’Union, son pays étant l’un des principaux bénéficiaires des fonds européens qui ont contribué à son dynamisme économique retrouvé, après la crise de la fin des années 2000.
afp  

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