Dans une lettre ouverte publiée dans Le Figaro, Viviane Lambert s’adresse au président de la République pour obtenir que son fils Vincent ne soit pas « condamné à mort ». Elle estime que son fils va être sacrifié au nom d’une « volonté euthanasique ».
On connaît la situation tragique de Vincent Lambert, tétraplégique depuis 2008, à la suite d’un accident de voiture. Après de nombreux épisodes juridiques, le CHU de Reims s’est, une nouvelle fois, prononcé collégialement pour l’arrêt des soins. Son épouse y est favorable, ainsi que six de ses frères et sœurs, alléguant qu’il en aurait autrefois exprimé la volonté. Sa mère, soutenue par son mari et deux de ses enfants, s’y oppose, rappelle que son fils respire sans assistance, qu’il se réveille le matin et s’endort le soir, qu’il n’est pas dans un état végétatif.
Elle dispose même d’une vidéo où on le voit émettre des vocalisations et retrouver le réflexe de déglutition, ce qui aurait impressionné plusieurs spécialistes. Des établissements seraient prêts à l’accueillir, mais un groupe de médecins du CHU a décidé d’arrêter son alimentation et son hydratation donnée par sonde. Les parents ont saisi en référé le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne.
Alors qu’on parle d’inscrire dans la loi « une aide active à mourir », allant au-delà de la loi Claeys-Leonetti, qui interdit l’acharnement thérapeutique, cette affaire pose le problème de l’euthanasie passive ou active.
On connaît les arguments de ses partisans. Dans une tribune élaborée par le député LREM Jean-Louis Touraine, ex-socialiste et membre du Grand Orient de France, favorable à l’euthanasie (Le Monde du 1er mars), 156 députés, dont une majorité de LREM, réclament une telle loi : « Il convient de donner aux malades en fin de vie la libre disposition de leur corps et, c’est essentiel, de leur destin », écrivent-ils. Un vocabulaire qui rappelle celui des défenseurs de l’avortement. D’autres, comme Jean-Luc Romero, réclament le droit de mourir dans la dignité. Liberté et dignité : deux mots censés discréditer toute position contraire.
Les représentants du milieu des soins palliatifs sont plus circonspects. La vice-présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs estime que « ce texte est publié alors que la loi Claeys-Leonetti est loin d’être complètement mise en application ». Ajoutant : « La pratique éthique n’est pas, comme le sous-entend le député Touraine, d’encadrer l’euthanasie mais, au contraire, d’accompagner et de soulager les patients en fin de vie. » De son côté, le gouvernement temporise, en attendant la fin des États généraux de la bioéthique.
À supposer qu’Emmanuel Macron réponde à la mère de Vincent Lambert et qu’il ne laisse pas ce soin à son chef de cabinet, il est peu probable qu’il accède à sa demande : il compatira devant la douleur de la famille, mais n’accordera sans doute pas à la mère de Vincent Lambert la « grâce » qu’elle sollicite pour son fils.
L’euthanasie s’inscrit, en effet, dans un projet ultralibéral qu’il partage dans le domaine économique et social. Il serait en contradiction avec ses principes s’il considérait que la mort ne relevait pas d’un choix personnel. Pourtant, la plupart des médecins de soins palliatifs constatent que des patients qui demandent la mort dans un moment de dépression se projettent de nouveau dans la vie quand ils sont soulagés.
Reste à ceux qui pensent que l’acte d’ôter la vie ou d’accélérer la mort n’est pas un progrès de l’humanité, mais une régression, de le faire savoir pour empêcher ce qui s’apparente à une mise à mort. Ce n’est pas une manifestation de dignité humaine que des bien-portants décident de mettre fin à la vie d’un handicapé en qui il reste une étincelle de vie.
Philippe Kerlouan
Source : http://bvoltaire.com
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