11 novembre: l’Élysee ne veut pas de célébration trop «militaire» de l’armistice

22 Oct 2018 | Revue-de-Presse | 0 commentaires

À l’approche des commémorations du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, l’Élysée a fait savoir qu’il ne s’agissait pas de célébrer la victoire « militaire » de 1918, provoquant un début de polémique.

Un 11 novembre sans «expression trop militaire», ni hommage aux Maréchaux ; voilà la teinte que l’Élysée entend donner aux commémorations du centenaire de la fin de la grande Guerre, selon les informations de  l’Opinion  . De façon générale, Emmanuel Macron ne souhaite pas de cérémonie «trop militaire» ; une décision prise en accord avec l’Allemagne, qui sera représentée par la chancelière Angela Merkel. «Le sens de cette commémoration, ce n’est pas de célébrer la victoire de 1918», dit-on rue du Faubourg-Saint-Honoré.

Car pour l’Élysée, commémorer la victoire militaire comporte deux écueils: cela reviendrait à rendre hommage aux huit Maréchaux victorieux dont Philippe Pétain, héros de Verdun… et chef du gouvernement de Vichy. Mais à en croire l’Élysée, cela irait surtout à l’encontre de l’idée que la France contemporaine se ferait de la Grande Guerre: non pas une grande victoire, mais une «grande hécatombe».
«Insulte aux soldats de 1918»

Le 11 novembre prochain, il s’agira donc de célébrer un poilu débarrassé de ses oripeaux militaires: «Les combattants (…) étaient pour l’essentiel des civils que l’on avait armés», résume-t-on à l’Élysée. La phrase n’a pas manqué dimanche d’agiter les réseaux sociaux. Michel Goya, historien et ancien colonel d’infanterie, parle d’une «insulte aux soldats de 1918». 

 

«C’est une réflexion totalement anachronique car cette guerre est intervenue dans un moment où l’armée reposait essentiellement sur les appelés.»
Bénédicte Chéron, enseignant chercheur spécialiste des questions de Défense

our Bénédicte Chéron, enseignant chercheur spécialiste des questions de Défense*, l’Élysée a clairement commis un faux pas. «Ils donnent l’impression de méconnaître la continuité entre l’engagement des soldats de 14-18, et celui des soldats d’aujourd’hui», explique-t-elle. «C’est une réflexion totalement anachronique car cette guerre est intervenue dans un moment où l’armée reposait essentiellement sur les appelés. Qualifier les soldats de 14 de ‘civils que l’on avait armés’, c’est méconnaître leur filiation avec l’armée d’aujourd’hui et, in fine, considérer que le sacrifice des militaires contemporains ne serait pas du même ordre», estime-t-elle.

La réflexion élyséenne serait d’autant plus maladroite que depuis le 11 novembre 2011, la France ne commémore plus seulement l’Armistice de 1918 mais aussi tous les soldats français tombés en opération. Amorcé par Nicolas Sarkozy et pérennisé par une loi adoptée en 2012, cette nouvelle forme d’hommage devait justement «tisser un lien de continuité entre le sacrifice des soldats de 14, et celui des militaires d’aujourd’hui», poursuit Bénédicte Chéron. Pour preuve, ce texte a rendu possible l’inscription des noms des soldats morts en Opex sur les monuments aux morts des communes.
«Mauvaise polémique»

«Jamais un président n’aura consacré autant de temps pour se rendre sur les lieux des grandes batailles.»
Le général (2s) Bruno Dary, ancien gouverneur militaire de Paris

Mais pour le général (2s) Bruno Dary, ancien gouverneur militaire de Paris, «il s’agit vraiment d’une mauvaise polémique». «La cérémonie officielle se déroulera autour du Soldat inconnu, et le dispositif militaire sera identique aux années précédentes», assure-t-il. «Mais surtout, jamais un président n’aura consacré autant de temps pour se rendre sur les lieux des grandes batailles», ajoute-t-il, en référence à «l’itinérance mémorielle» d’Emmanuel Macron, qui se rendra pendant les cinq jours précédents de 11 novembre sur les lieux les plus emblématiques du conflit.

Face à la polémique, Jean-Dominique Merchet est revenu sur le sujet dans un billet d’humeur publié dimanche soir sur l’Opinion. Pour le journaliste spécialiste des questions de Défense, cette polémique est le signe que l’armée souffre d’un «décalage des mémoires», entre les «huit millions d’hommes mobilisés» que l’on célèbre, et les militaires professionnels qui «sont aujourd’hui à eux seuls toute l’armée française». 

* Bénédicte Chéron vient de publier «Le soldat méconnu, les Français et leurs armées»  (Armand Colin, 2018).
source : lefigaro.fr

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