– Les agriculteurs ont manifesté un peu partout en France mercredi contre ce qu’ils estiment être un trop-plein de réglementation et pour la défense de la production française, qu’ils ont déversée et distribuée abondamment, à Paris notamment.
FNSEA et JA (Jeunes agriculteurs) avaient choisi pour mot d’ordre de leur journée d’actions « le patriotisme alimentaire et la valorisation des produits français », sans oublier la dénonciation de règles sanitaires ou de la bureaucratie.
Manuel Valls a jugé devant l’Assemblée nationale que le secteur vivait « une crise économique, sociale et morale » et que les agriculteurs avaient « besoin de retrouver confiance dans l’avenir de leur profession. »
Rappelant que 3,5 milliards d’euros d’aides européennes avaient été versées en urgence, le Premier ministre a annoncé lors des questions au gouvernement la création d’une mission parlementaire ad hoc.
Elle sera confiée à un agriculteur et à un fonctionnaire du ministère de l’Agriculture pour qu’ils proposent des améliorations et simplifications des dispositifs existants et fassent en sorte que les contrôles se passent mieux dans le respect de tous », a-t-il dit.
La mobilisation se voulait pacifique dans un contexte de tensions dû à l’affaire du barrage de Sivens, dans le Tarn, et après des actions violentes, dont l’incendie du centre des impôts et du bâtiment de la Mutualité sociale agricole de Morlaix, en Bretagne.
« RAS-LE-BOL »
Les manifestations se sont toutefois durcies comme à Dijon ou à Valence, où un feu d’où s’échappait une épaisse fumée noire a été allumé devant le centre des finances publiques. A Toulouse, où des bâtiments publics ont essuyé des jets d’oeufs, une permanence EELV a été aspergée de fumier.
A Paris, des camions ont déversé une cinquantaine de tonnes de pommes de terre, poires ou pommes sur la place de la République au petit matin, afin de les distribuer aux passants.
« On exprime un ras-le-bol, très clairement, le ras-le-bol du monde paysan dans sa globalité », a dit à Reuters Damien Greffin, président de la FNSEA en Ile-de-France. Une banderole déployée derrière lui disait « Stop aux contraintes ».
« Aujourd’hui, un agriculteur consacre autant de son temps à la sur-administration, à la paperasse, qu’à produire des denrées pour nourrir la population », a-t-il dit.
Des manifestations, épandages de produits, plantations fictives ou contrôles d’origine des produits utilisés notamment dans les cantines des administrations publiques ont eu lieu dans de nombreuses régions de France.
Chaque action avait un mot d’ordre spécifique, tantôt le « manger français », comme à Paris, tantôt les « huit points durs » sur lesquels la FNSEA avait déjà alerté ces dernières semaines le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll.
Ce dernier a dit comprendre une colère « justifiée. »
« Ils sont dans une situation qui n’est pas favorable en terme de prix dans beaucoup de productions », a-t-il dit lors du compte rendu du conseil des ministres.
« CONTEXTE DIFFICILE »
Stéphane Le Foll a notamment cité les conséquences de l’embargo russe, la surproduction laitière, la mauvaise qualité de certaines récoltes céréalières et les conséquences de certaines directives européennes comme celle sur les nitrates.
Cette dernière est la principale préoccupation du monde agricole, qui voit s’étendre le nombre de zones dites vulnérables aux nitrates, dérivés des engrais et responsables de pollution des eaux, et avec elles les contraintes.
Malgré quelques incidents, la plupart des manifestations prévues semblaient se dérouler dans le calme.
A Nancy, près de 270 tracteurs ont convergé vers la direction départementale du territoire pour déverser du fumier. A Strasbourg, les agriculteurs ont répandu terre et fumier avant de planter du blé devant la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.
En Moselle, un barrage était prévu sur l’autoroute A4 pour contrôler les chargements en provenance d’Europe mais le trafic international avait été, selon eux, détourné par les autorités.
« Le gouvernement ne fait rien pour nous. Dans la plupart des établissements de restauration hors domicile, on ne mange plus français », a dit à Reuters Gilles Becker, secrétaire général de la FDSEA, joint par téléphone sur le barrage.
« Une bande de hippies est capable de changer l’orientation agricole de notre pays. La prise en compte de l’environnement dépasse la raison économique », a-t-il ajouté en référence aux manifestations contre le barrage de Sivens.
Dans le Sud-Ouest, on a compté un millier d’agriculteurs à Pau, où la circulation a été perturbée. Des rassemblements ont aussi eu lieu à Niort, Poitiers, La Rochelle, ainsi que dans l’Ouest (Nantes, Angers, Rennes, Quimper) ou dans le Sud-Est (Marseille, Montpellier, Avignon) et dans le Nord.
reuters
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