Les pauvres sont de plus en plus pauvres, mais la solitude et l’isolement les rendent de moins en moins visibles, témoigne le Secours catholique, qui attire l’attention sur les seniors précaires et les hommes seuls, dans son rapport annuel publié jeudi.
En 2013, l’association a apporté une aide à 1.477.000 personnes dont 692.000 enfants.
« La pauvreté s’intensifie. On rencontre davantage de personnes avec un niveau de vie de plus en plus faible », a expliqué à l’AFP Bernard Thibaud, secrétaire général du Secours catholique.
En moyenne, les bénéficiaires disposent d’un revenu de 515 euros par mois et par unité de consommation, soit 17 euros par jour, bien en dessous du seuil de pauvreté (987 euros) et du seuil de très grande pauvreté (651 euros). Et 16% n’ont aucune ressource.
Les personnes seules représentent 40% des bénéficiaires, devant les familles monoparentales (30%) et les couples avec enfants (24%).
Si les jeunes sont majoritaires, la part des plus de 50 ans ne cesse d’augmenter. « La paupérisation des seniors s’accentue, avec pour premières victimes les femmes qui n’ont pas connu le plein emploi » et disposent donc de pensions très faibles, précise M. Thibaud, avec un revenu moyen de 618 euros.
Ces seniors font partie de « ces pauvretés qu’on ne voit plus », explique le Secours catholique.
Autre précarité silencieuse: les hommes seuls. Jeunes, migrants, grands exclus ou pères célibataires, ce sont ceux qui ont le moins de revenus, avec en moyenne 437 euros par mois. 28% n’ont aucune ressource.
Ils sont particulièrement victimes du mal-logement. Près de la moitié ne vivent pas chez eux mais chez un proche, en centre d’hébergement, en squat ou à la rue. « Dans l’accès au logement, la priorité est donnée aux femmes et aux enfants », souligne Bernard Thibaud.
– Un repas par jour –
Ces hommes seuls souffrent aussi d’un très fort isolement. « Beaucoup se replient sur eux-mêmes et ont une moindre connaissance de leurs droits », explique-t-il.
D’autant qu’ils ont peu de prestations sociales. C’est le cas d’Anthony Knobloch, jeune père de 36 ans, qui vit près de Vannes. Au chômage, il se retrouve dans « une situation catastrophique » depuis sa séparation d’avec la mère de son fils de 2 ans, Augustin, dont il a obtenu la garde alternée. « Mais toutes les aides de la caisse d’allocations familiales vont à la mère », dénonce cet opticien de métier.
Lui qui « avant, avait tendance à mépriser les gens qui sont dans l’assistanat », fait désormais ses courses à l’épicerie solidaire du Secours catholique, car en plus de son loyer et de ses charges, il doit rembourser les anciens prêts et dettes de son couple.
Mais difficile de trouver du travail s’il faut payer une nourrice. Couches, lait, légumes, vêtements, toutes ses dépenses sont destinées à son fils. « Je ne veux pas qu’il souffre de ma situation », explique Anthony, qui ne prend, lui, qu’un repas par jour. Il a déjà perdu plus de 5 kg.
Outre les besoins d’écoute et d’aide alimentaire, beaucoup de précaires viennent aussi demander une aide financière au Secours catholique, pour payer leur loyer ou leurs dépenses d’énergie.
Car la précarité énergétique, autre « pauvreté invisible », gagne du terrain. « On a une hausse des impayés d’énergie. Les gens doivent choisir entre se nourrir et se chauffer », déplore M. Thibaud.
En Loire-Atlantique, Nathalie, 40 ans, a fait appel au Secours catholique à la suite d’une facture EDF de « 2.400 euros », liée au chauffage électrique de sa maison mal isolée. Depuis, « on n’allume plus les radiateurs, on se chauffe avec la cheminée » et « quand on n’a plus de bois, on trouve des palettes », explique cette mère de trois enfants, dont le mari est en invalidité.
Avec un petit salaire dans la grande distribution et un dossier de surendettement, la famille a aussi fait appel aux Restos du Coeur. « Quand il n’y a pas de tuile, on s’en sort », affirme Nathalie.
afp
Accord UE-Mercosur : une question de volonté
L'actuelle agitation en France à propos de l'accord entre l'Union Européenne et le Mercosur est tout à fait symbolique de...
0 commentaires